Souvent critiqué pour leur consommation excessive d'énergie, le secteur des nouvelles technologies mise sur la 5G pour concilier performance technique et moindre impact environnemental. Mais des voix mettent en garde contre cet argument marketing.
Au Salon mondial du mobile, grand-messe du secteur qui s'est achevée le 3 mars semaine à Barcelone, plusieurs acteurs ont loué la dimension plus verte de la 5G, cette technologie mobile permettant de transmettre en un temps très court de grandes quantités de données. Pour Jean-Marie Chaufray, du géant français des télécoms Orange, la 5G pourrait notamment être «10 fois plus efficace (énergétiquement)» que la 4G, sa devancière, d'ici 2025, grâce à la mise en veille de certains composants lorsqu'ils ne sont pas utilisés ou à des antennes plus performantes.
«L'efficacité énergétique ne représente que la moitié du problème», prévient toutefois Laurence Williams, chercheur à l'Université du Sussex au Royaume-Uni, et une technologie plus avancée ne suffit pas pour résoudre la question de la lutte contre le réchauffement climatique dans l'industrie de la tech. «Le trafic de données mobiles va continuer à augmenter grandement dans les années à venir et il est largement admis que la 5G sera au moins en partie responsable», relève-t-il.
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Diverses études - reprises par le secteur - ont déjà été publiées sur le sujet mais sans parvenir à un consensus. Certaines suggèrent que la consommation d'énergie liée aux réseaux va chuter, d'autres qu'elle va rester stable et au moins une qu'elle va grimper à cause de la 5G justement.
Une étude finlandaise, publiée en 2018, estimait que la consommation électrique des principaux réseaux mobiles du pays était 10% plus importante en 2017 qu'en 2010, ses auteurs attribuant cette progression à des usages de plus en plus consommateurs de données, comme le visionnage de vidéos en streaming. «Même si cette étude porte sur une période antérieure à la 5G, elle montre tout de même que l'amélioration de l'efficacité énergétique des réseaux ne se traduit pas forcément par une moindre consommation d'énergie de ces réseaux», souligne le chercheur de l'université de Sussex.
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D'autres voix, comme celle de Duan Hao chez le groupe chinois Huawei, font valoir que cette technologie, en accélérant la numérisation de pans entiers de l'industrie et en favorisant par exemple le télétravail, va réduire certains usages très impliqués dans le réchauffement climatique comme les transports. Selon certaines études, l'effet pourrait se situer dans un ratio de 1 à 10, une unité d'énergie investie dans la 5G se traduisant par dix unités d'énergie économisées par ailleurs.
Ces effets induits par la technologie «sont difficiles à mesurer», relativise cependant Laurence Williams, citant une étude de l'université de Zurich situant ce ratio plus proche de 1 à 3. De plus, regrette-t-il, beaucoup d'études s'intéressant aux effets de la 5G sur la consommation énergétique oublient toute une partie de l'équation, à savoir les besoins engendrés par la mise en place de nouvelles infrastructures. «Au minimum, il faut rester sceptique concernant les prétendues économies» d'énergie permises par cette technologie, quand ne sont «pas pris en compte les coûts induits par la construction de ces infrastructures», met en garde le chercheur.