Une étude de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) révèle une augmentation du cyberharcèlement chez les enfants de 11 à 15 ans, atteignant 16% en 2022. Avec des conséquences préoccupantes sur la santé et le bien-être des jeunes, l’OMS souligne l’urgence d’actions préventives et régulatrices.
Environ 16 % des enfants de 11 à 15 ans ont dit avoir été harcelés en ligne en 2022, un chiffre en hausse sur quatre ans, selon une étude publiée mercredi 27 mars par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Ce rapport est un signal d’alarme qui nous invite tous à lutter contre le harcèlement et la violence, où et quand ils se produisent », alerte le directeur de l’OMS pour l’Europe, Hans Kluge, cité dans un communiqué. La précédente étude HBSC (Health Behaviour in School-aged Children), basée sur des données de 2018, faisait état de 13 % de cyberharcelés dans cette tranche d’âge.
Le harcèlement physique est resté stable : 11 % disent avoir été harcelés à l’école l’an dernier contre 10 % des enfants interrogés il y a quatre ans, selon le rapport publié. La pandémie a modifié la manière dont les adolescents interagissent, a relevé l’organisme onusien. « Les formes virtuelles de violence entre pairs sont devenues particulièrement prégnantes depuis le début de la pandémie de Covid-19, lorsque les mondes des jeunes sont devenus de plus en plus virtuels pendant les périodes de confinement », est-il noté. Selon la nouvelle étude, 15 % des garçons et 16 % des filles ont dit avoir été harcelés en ligne pendant les derniers mois au moins une fois.
Les plus hauts niveaux ont été enregistrés chez les garçons en Bulgarie, en Lituanie, en Pologne et en Moldavie et les plus bas par les garçons en Espagne, a précisé l’OMS, sans donner de détails. « Les jeunes passant jusqu’à six heures par jour en ligne, des changements, même minimes, dans les taux d’intimidation et de violence peuvent avoir de profondes répercussions sur la santé et le bien-être de milliers de personnes », rapporte Hans Kluge. Un adolescent sur huit a reconnu avoir harcelé en ligne par un ou des pairs, un chiffre en hausse de trois points depuis 2018, selon le rapport. Pour les bagarres, les données sont stables sur quatre ans, avec 10 % des adolescents qui ont été impliqués dans une altercation.
Le rapport porte sur 279 000 enfants et adolescents de 44 pays et régions à travers l’Europe et l’Asie centrale mais aussi le Canada. Dans la plupart des territoires, le cyberharcèlement atteint son maximum à 11 ans pour les garçons et 13 pour les filles. En outre, il n’y a majoritairement pas ou peu de différence selon les catégories socio-professionnelles des parents. Ainsi, en France, il n’y avait qu’une différence d’un point entre les groupes. Le Canada a toutefois rapporté un écart significatif selon lequel les moins favorisés seraient les plus harcelés. Ainsi, 27 % des filles appartenant aux 20 % de ménages les moins riches ont déclaré avoir été victimes de brimades à l’école contre seulement 21 % des filles appartenant aux 20 % les plus aisés. « Il est nécessaire d’investir davantage dans le suivi des différentes formes de violence entre pairs », est-il écrit. « Il est également urgent d’éduquer les jeunes, les familles et les écoles aux formes de cyberharcèlement et à leurs implications, tout en réglementant les réseaux sociaux afin de limiter l’exposition au cyberharcèlement », conclut le rapport.