SECURITE

Des applications se développent pour aider les femmes à se sentir moins isolées et faciliter une éventuelle intervention policière, à Paris et ailleurs.

Une rue mal éclairée, une rame de métro vide ou, au contraire, bondée de supporters éméchés pendant les JO : stress assuré pour les femmes. Dans la capitale, pendant les Jeux olympiques (26 juillet-11 août), « on sait qu'il y aura plus de personnes dans la rue et dans les transports, avec une augmentation de la consommation d'alcool », redoute Priscillia Routier-Trillard, fondatrice de The Sorority.

Cette application gratuite créée en 2020 pour un public exclusivement féminin permet notamment « à celles qui se sentent en insécurité d'alerter les 50 personnes les plus proches grâce à la position GPS du téléphone ». Les femmes équipée de la même appli reçoivent une notification sur leur smartphone quand elles se trouvent dans la zone où l'alerte est déclenchée. « Elles peuvent alors soit envoyer un message à la personne qui demande de l'aide, soit l'appeler, soit la rejoindre et dans le pire des cas prévenir la police », précise Priscillia Routier-Trillard.

Maja, 18 ans, y a eu recours après avoir été suivie dans une rue: « Dès que j'ai appuyé sur le bouton d'alerte, j'ai reçu une dizaine de SMS et d'appels. Finalement une membre m'a rejointe et m'a raccompagnée en voiture », décrit-elle à l'AFP.

Trouver un « lieu sûr »

Emma, 25 ans, s'est abonnée après une agression dans le tramway du Havre. « J'étais pétrifiée, je n'ai rien pu faire », déplore-t-elle. Depuis elle prépare ses trajets et vérifie qu'il y a des membres de cette application dans les villes où elle va.

The Sorority - 90.000 membres revendiquées, aux profils passés au crible - collabore désormais avec les forces de l'ordre, comme l'a annoncé le 8 mars le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. « Nos membres pourront contacter la police ou la gendarmerie quand elles reçoivent une alerte » explique Priscillia Routier-Trillard. L'objectif de ce partenariat est que policiers et gendarmes puissent « mieux identifier les appels des membres » et « intervenir rapidement, aidés par tous les détails qui leur seront fournis », explique Priscillia Routier-Trillard.

Umay, autre application gratuite, collabore aussi avec les forces de l'ordre. Depuis 2019, elle répertorie des « lieux sûrs »: 3.200 gendarmeries, 600 commissariats et 6.000 autres établissements: bars, restaurants, magasins et institutions, où les personnes se sentant menacées - hommes et femmes - peuvent se réfugier.

« Ça a été un soulagement de savoir que ça existait et que je ne serai plus jamais totalement seule », explique Anaëlle, 18 ans, qui a découvert par hasard l'un de ces lieux grâce à un autocollant sur une vitrine.

Volontaires formés aux JO

Depuis, l'étudiante francilienne en psychologie se dit plus rassurée. Tout comme ses parents: « Ils l'ont téléchargée et, grâce à ça, ils voient où je suis et me laissent plus facilement sortir le soir ».

L'application, utilisée par 75.000 abonnés, vient de signer un partenariat avec la Française des Jeux pour former et labelliser comme « lieu sûr » un maximum de bar-tabac-presse avant les JO.

« On peut imaginer que lors d'un évènement comme les Jeux olympiques, on assiste à des comportements déviants supplémentaires, favorisés par la dimension festive, la consommation d'alcool et peut-être aussi de psychotropes » estime Williams Nuytens, sociologue à l'université de Liévin et spécialiste du sport, des violences et des populations vulnérables.

A lire : Priscillia Routier-Trillard, la sororité près de chez vous

Les victimes d'outrages sexistes sont à 91 % des femmes, les auteurs à 97% des hommes, rappelle le ministère de l'Intérieur.

Selon le dernier rapport annuel du Haut Conseil à l'égalité femmes-hommes sur l'état du sexisme en France, huit femmes sur dix ont peur de rentrer seules le soir et neuf sur dix adoptent des conduites d'évitement pour échapper aux propos sexistes.

Umay travaille aussi avec le Comité d'organisation des JO et ses milliers de volontaires recrutés pour accueillir les visiteurs, en assurant « une formation pour (les) sensibiliser à la gestion des situations d'agressions et notamment de violences sexistes et sexuelles », se félicite François Morival, cofondateur et directeur général de l'application.

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