Nouveau rebondissement dans le feuilleton Atos : le cabinet Onepoint, qui avait échoué à racheter les activités stratégiques du groupe en 2022, est revenu en force en devenant son premier actionnaire.
Alors que le cours d'Atos s'est effondré à moins de 5 euros la semaine dernière, le cabinet Onepoint en a acquis 9,9 % du capital, ce qui en fait son premier actionnaire. Résultat, l'action Atos a bondi de 12 % dans la matinée du jeudi 2 novembre, à plus de 7 euros, avant de retomber à 6,29 euros, son cours de la veille. Cet investissement surprise (environ 55 millions d'euros, mathématiquement) s'est fait de manière amicale, ont fait savoir Onepoint et Atos.
Le cabinet de conseil, qui affiche 500 millions d'euros de chiffre d'affaires, veut maintenant jouer un rôle stratégique : pousser la direction d'Atos à modifier l'accord avec Daniel Kretinsky, pour l'écarter de la branche stratégique Eviden. Une solution qui pourrait satisfaire tout le monde. Dont Daniel Kretinsky, a fait savoir son entourage à l'AFP.
La société Atos, déficitaire et lourdement endettée, a prévu en 2022 de se scinder, avec d'un côté la branche Tech Foundations (infogérance) et de l'autre Eviden (cloud, cybersécurité, supercalculateurs). Cet été, le groupe a décidé de vendre Tech Foundations au milliardaire tchèque. Eviden serait en revanche mise en Bourse, après une augmentation de capital de 900 millions d'euros. Personne jusqu'ici n'est sur les rangs pour racheter cette branche. Airbus, un temps candidat à en reprendre 30 %, s'est désisté.
À la demande du président du groupe d'alors, Bertrand Meunier, Daniel Kretinsky, en échange du rachat de Tech Foundations, a accepté cet été de participer à l'augmentation de capital d'Eviden à hauteur de 217 millions d'euros. Il en deviendrait alors propriétaire de 7,5 % du capital. Un investissement dont Daniel Kretinsky a précisé qu'il ne l'avait pas demandé, qu'il ne serait dans Eviden qu'un investisseur passif et qu'il était prêt à céder sa place en cas de difficulté. Mais pour Bertrand Meunier, il s'agissait de donner un premier socle à l'augmentation de capital.
« Libérer » Kretinsky
Cette potentielle entrée de l'homme d'affaires tchèque dans une branche stratégique, qui travaille aussi pour la défense française, a suscité une levée de boucliers, notamment d'élus LR, des milieux d'affaires et de fonds actionnaires. Au nom de la souveraineté, un amendement parlementaire propose même de nationaliser temporairement Atos. Cette polémique a finalement coûté sa place à Bertrand Meunier, remplacé mi-octobre par l'ancien banquier Jean-Pierre Mustier.
Revenant en piste, Onepoint a annoncé jeudi qu'il voulait pousser la nouvelle direction d'Atos à « libérer » l'homme d'affaires tchèque de l'obligation d'investir dans Eviden, sans remettre en cause son rachat de Tech Foundations. Le projet de scission d'Atos et de cession de Tech Foundations à Daniel Kretinsky « a notre soutien » mais « il faut que la cession de Tech Foundations à Daniel Kretinsky soit plus claire. L'augmentation de capital ne doit pas servir un complément de prix », a expliqué David Layani, président-fondateur de Onepoint, à l'AFP.
« Cette augmentation de capital, qui a créé beaucoup de frustration et d'opposition, nous devons pouvoir en libérer Daniel Kretinsky. En conséquence, les conditions financières du deal doivent être améliorées et je suis certain que le conseil d'administration d'Atos sera favorable à rouvrir les discussions », a-t-il ajouté. Onepoint suggère que le prix de vente de Tech Foundations à Daniel Kretinsky soit revu en hausse si ce dernier est dispensé d'investir dans Eviden. Cette hypothèse pourrait convenir à l'homme d'affaires tchèque. « Onepoint dit qu'il est prêt à ce qu'on sorte d'Eviden si on améliore la transaction sur Tech Foundations. C'est une discussion que nous sommes tout à fait prêts à avoir », selon l'entourage de Daniel Kretinsky.
Onepoint veut-il monter davantage au capital ? « L'idée est d'accompagner la réorganisation de l'entreprise (...) C'est un peu prématuré à ce stade de parler d'OPA ou d'acquisition », a répondu David Layani, expliquant vouloir « sortir Atos de l'impasse ».