Un ancien responsable de ByteDance aux États-Unis poursuit son ancien employeur en justice. Il accuse la maison mère de TikTok de l'avoir licencié parce qu'il avait donné l'alerte sur des pratiques illégales de l'entreprise.
L'ancien employé de ByteDance, Yintao Yu, a découvert peu après son embauche en Californie, à l'été 2017, que l'entreprise « volait » des vidéos publiées sur des réseaux concurrents, Instagram et Snapchat, pour les mettre sur ses propres services, d'après la plainte déposée auprès d'un tribunal de San Francisco le 1er mai. Yintao Yu, qui était chef de l'ingénierie pour ByteDance aux États-Unis, aurait alerté sa hiérarchie, en vain, « et le vol de propriété intellectuelle a continué sans entrave ». Il a été congédié en novembre 2018.
Vendredi 12 mai, le plaignant a déposé une plainte amendée qui accuse ByteDance de « servir d'outil de propagande pour le parti communiste chinois ». Cette plainte arrive dans un contexte déjà tendu, dans le monde, pour le réseau social chinois TikTok. Aux États-Unis, de nombreux élus américains veulent faire interdire cette plateforme très populaire, estimant qu'elle permet à Pékin de récolter les données des utilisateurs à leur insu et d'influencer leur opinion, ce que l'application a toujours nié.
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Dans sa plainte, Yintao Yu dit avoir vu l'entreprise chinoise mettre en avant des contenus « qui exprimaient de la haine pour le Japon » et reléguer des contenus « qui exprimaient du soutien pour les manifestations à Hong Kong » en faveur de la démocratie. Surtout, d'après l'ex-employé, le parti communiste chinois « avait en permanence un accès suprême à toutes les données de l'entreprise, y compris les données stockées aux États-Unis ».
ByteDance compte « se battre vigoureusement » contre « ces affirmations et accusations sans fondement », a indiqué un porte-parole de l'entreprise sollicitée par l'AFP. « Yintao Yu a travaillé pour ByteDance pendant moins d'un an (...) Il s'occupait d'une appli appelée Flipagram, qui a été retirée du marché il y a des années pour des raisons commerciales », a-t-il ajouté.
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L'ingénieur réclame une injonction du tribunal pour forcer l'entreprise à cesser les pratiques évoquées dans la plainte et des dommages-intérêts dont il prévoit de verser une « partie substantielle » à des organisations de défense des droits civiques des Américains d'origine asiatique. « Mon client est le responsable le plus haut placé de ByteDance à s'exprimer publiquement, a déclaré Charles Jung, son avocat, à l'AFP samedi 13 mai. Il s'inquiète au sujet de la protection les données des utilisateurs américains, des agissements éthiques de l'application et du bien-être des employés de ByteDance ».
Le sujet de l'accès aux informations personnelles des utilisateurs américains suscite des tensions croissantes depuis des années entre les autorités et l'entreprise, qui a pris plusieurs mesures pour que ces données soient stockées sur des serveurs aux États-Unis. Fin mars, lors d'une audition au Congrès, le patron de TikTok, Shou Chew, a de nouveau affirmé que Pékin n'y avait pas accès. Mais plusieurs élus lui ont répondu qu'ils ne le croyaient pas. La Maison Blanche a récemment incité TikTok à se faire racheter par une société américaine pour pouvoir rester aux États-Unis.
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