Le directeur du salon Laval Virtual revient sur les grandes actualités de la semaine.
Deux plaintes auprès de la Cnil contre ChatGPT.
Les progrès sur les IA génératives sont incroyables. Cela ira très vite mais je m’inquiète de la désinformation de masse. Dans quelques mois, on ne différenciera plus des contenus produits par une IA ou par un humain. Cela démultipliera la capacité des fermes à trolls. Elles passeront de milliers à des millions de contenus, avec les mêmes infrastructures. Il faut prendre conscience de cela. En parallèle, les plaintes à la Cnil contre ChatGPT me semblent hors sujet et ne concernent que des points de détails sur les CGU ou le fait qu’un développeur arrive à « faire halluciner » l’IA. C’est comme le moratoire signé par les chercheurs qui veulent mettre l’IA sur pause. C’est inapplicable. Les enjeux économiques sont colossaux. Rappelons-nous qu’il a fallu frôler la guerre nucléaire pour que les dirigeants se mettent autour de la table et régulent les armes. Selon moi, il faut légiférer de manière concrète sur son utilisation : comme Biden qui propose d’interdire les IA pour cibler les enfants. C’est concret, justifié et directement applicable.
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La désinformation qui grimpe sur Twitter.
C’est le même sujet. Ce qu’il se passe sur Twitter n’est selon moi pas une mauvaise chose. Cela demande juste au public un temps d’adaptation. Si on peut reprocher à Elon Musk une méthode brutale, son but n'est pas moins d’interdire les robots sur la plateforme. Et c’est le cas : vous ne pouvez plus créer ni gérer mille comptes d’un coup. Certes, il faudra que les utilisateurs intègrent que la coche bleue ne garantit plus l’authenticité du compte. Ils sauront seulement qu’on a payé pour l’avoir, ce qui permet d’être moins manipulé. Et cela calmera le jeu de la désinformation de masse. J'irai même plus loin : ne faudrait-il pas que tous les réseaux sociaux soient payants ? Ce qui permettrait de sortir du modèle publicitaire et des données personnelles. Les États pourraient subventionner une partie des dépenses pour les jeunes. On fait bien un passe culture, pourquoi ne pas confier un budget aux plus jeunes pour un réseau social sûr ?
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Les rumeurs de sortie imminente du casque à réalité mixte d’Apple.
À chaque invitation d’Apple, on parle de la sortie imminente de ce casque entre réalité virtuelle et augmentée… Je n’y crois pas, le moment n’est pas le bon. On sait que ce sera un « game changer » sur le marché. Il sera sûrement destiné aux professionnels. Et Apple a l’habitude de sortir des produits de qualité en droite ligne avec leur slogan : « think different ». Mais la sortie serait à contre-courant médiatique. Le métavers subit le contrecoup de la disproportion entre sa médiatisation et son adoption par le public. Le vrai business de la VR, c’est le marché pro. À Laval Virtual, nous avons dépassé notre record de tickets vendus, et toutes les filiales professionnelles des géants seront là : Meta, Microsoft, HTC, Pico… Tous ont répondu présents pour les conférences. Mais on ne parlera pas tant du grand public.
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Bernard Arnault et Françoise Bettencourt, les plus riches du monde.
Ce sont indéniablement des succès industriels. Mais je m’interroge sur l’apport de ces personnes et de ces entreprises à la société, en termes de progrès sociétal ou d’environnement. Ne contribuent-ils pas à alimenter une économie des plus riches ? Cela suscite chez moi assez peu d’admiration... Je ne pense pas qu’ils rendent le monde meilleur, là ou des innovateurs, des artistes, cherchent à améliorer la société et le collectif. Je note aussi que les deux sont des héritiers. C’est plus facile de devenir milliardaire lorsqu’on est millionnaire. Et je suis toujours sceptique quant à leurs engagements dans la culture. Est-ce qu’elle contribue à sauvegarder le modèle économique ou cherchent-ils à laisser une trace ?