Buzzword du moment, le métavers emballe agences et annonceurs. Qu’en est-il de la production publicitaire ? A-t-elle un avenir dans ces mondes virtuels ?
« Le métavers ? Ce sera un sujet dans dix ans », considère Jérôme Denis, CEO de La Pac. D'ailleurs, aucun film publicitaire n’a encore été tourné pour un métavers. Pourtant, la thématique de l’XR (« Extended Reality ») s’installe progressivement dans le secteur ces dernières années avec l’arrivée de la technologie de « mur LED » dans les studios de tournage. Celle-ci a servi à la série The Mandalorian de Disney+, qui se déroule dans l’univers de Star Wars. Le mur LED permet d’immerger une personne réelle dans un monde de synthèse en 3D. Les paysages sont développés sur des logiciels comme Unreal Engine d’Epic Games, l’éditeur du jeu vidéo Fortnite. « L’un des avantages est que le réalisateur voit en temps réel, dans le retour caméra, ce qu’il est en train de tourner, contrairement au fond vert qui nécessite de passer en postproduction », argumente Rémi Aymard, responsable commercial de Plateau Virtuel.
Mur LED
Issue du groupe événementiel Novelty, la société Plateau Virtuel a officialisé son activité en mars 2021. Elle dispose d’un mur LED de 16 mètres de long sur 5 mètres de large aux studios du Lendit à Saint-Denis. « Soit le producteur vient avec ses propres médias 3D, soit nous lui proposons nos services », ajoute Rémi Aymard, qui estime que la technologie peut servir à créer des décors futuristes ou reproduire des paysages ultraréalistes. Plateau Virtuel dénombre 70 tournages en 2021, dont la reconstitution de l’atelier de Gaudi pour un documentaire sur la Sagrada Familia de Gedeon Programmes, diffusé sur Arte, et la dernière campagne d’Oppo intitulée « Le beau geste », sortie début mai. Autre studio, Pure View a ouvert ses portes à La Plaine Saint-Denis en janvier 2021. « Nous avons sorti fin avril une campagne pour les solaires Louis Vuitton. La technologie permet de tourner avec une même égérie dans des variations de sept ou huit cieux », commente Pierre-Guy di Costanzo, cofondateur de la société.
Pourrait-on un jour se promener dans l’un de ces univers virtuels publicitaires ? « Totalement puisqu’une fois qu’on a développé un média 3D, on peut l’intégrer à une expérience online », assure Pierre-Guy di Costanzo, également fondateur de Blue Node, studio de production de contenus XR. Créer des « mini métavers » de marque, hébergés sur un cloud et accessibles facilement via les navigateurs, c’est le crédo du studio de design digital Merci-Michel. Celui-ci a notamment conçu en 2017 une plateforme ludique pour Ouigo (letsplay.ouigo.com) sur le mode du flipper, dans le prolongement de l’univers de la campagne imaginée par Rosa Paris, produite par la société d'animation Nikopicto. « Depuis, nous avons créé un générateur de métavers », explique Antoine Ménard, le fondateur de Merci-Michel. Si le métavers ouvre des perspectives pour la production, « il reste à créer les conditions d’un cheminement créatif », conclut Jérôme Denis.