Sandra Rey, lumineuse

L’idée revêt une forme de magie presque enfantine, avec un imaginaire que l’on croirait issu des dessins animés de Miyazaki : des centaines, des milliers, des millions de lucioles pour illuminer l’asphalte. Depuis ses études à l’école de design Strate en 2013, Sandra Rey, 31 ans, se passionne pour ce projet un peu fou : « Repenser la lumière urbaine via la bioluminescence pour la rendre plus vertueuse ». Des lucioles, mais aussi des bactéries marines cultivées en aquarium permettent de générer une lumière biologique, pouvant être utilisée dans des mobiliers urbains bioluminescents, par exemple. Alors qu’elle se spécialise en design de systèmes innovants, Sandra Rey remporte, avec son concept de lumières écologiques, un concours étudiant. En 2014, après un passage par l’ESCP Business School, elle décide de lancer Glowee – comme « glow », qui en anglais désigne le fait de briller, dans une douce incandescence.

Lorsqu’on interviewe Sandra Rey, en janvier dernier, elle vient tout juste de donner la vie à Albane, deuxième petite fille après Olivia. Elle vient aussi de prendre, malgré son jeune âge, de nouvelles fonctions : la direction du Conseil national du design (CNDes), créé le 6 septembre 2021. L’instance de concertation se compose des différents acteurs de l’écosystème du design, qu’il s’agisse des designers, de leurs clients et leurs publics (entreprises, services publics), des écoles, des organismes de promotion design, mais également des représentants d’autres disciplines et de l’État. « C’est une opportunité qui est venue vers moi et que je me voyais mal refuser, malgré un syndrome de l’imposteur dont j’ai toujours un peu souffert. Le gouvernement recherchait une femme, quelqu’un de jeune », raconte Sandra Rey, qui voit ce nouveau rôle comme « une mission de chef d’orchestre : animer les débats mais aussi créer des outils pour valoriser le design dans sa diversité et structurer la filière ».

Devant la tâche à accomplir, on sent une sérénité non feinte chez la cheffe d’entreprise de la biotech, qui a déjà dû batailler pour maintenir son entreprise à flot pendant la crise sanitaire. « Je suis très impressionnée par la force de Sandra et sa détermination, avoue Florence Durillon, qui a rejoint Glowee en tant que directrice des opérations en 2019. Elle a la conviction qu’elle peut apporter sa pierre à l’édifice du développement durable, et est sincèrement fascinée par la bioluminescence, le tout avec une méthodologie profondément design. » « Nous souhaitons devenir un standard de l’illumination, avec une biotech qui coche beaucoup de cases : écologie, sécurité et convivialité », martèle Sandra Rey. Fiat lux !