Thomas Pesquet en sera sans doute le meilleur ambassadeur pour créer des vocations. Toutefois, à la recherche de ses futurs astronautes, l’Agence spatiale européenne a décidé de réaliser une campagne de recrutement, sortie en mars 2021. Sa particularité : pour reproduire l’espace dans le film, c’est la technologie du plateau virtuel qui a été utilisée. Il s'agit d'un plateau accueillant des acteurs et sur lequel sont projetées des images 3D. Quand la caméra équipée de trackeurs bouge autour des personnages, le décor bouge aussi, de quoi donner au film une tout autre tonalité que s’il avait été tourné en images de synthèse ou sur fond vert. « C’est la première fois que nous utilisons pleinement les capacités de cette technologie, témoigne Jérôme Bernard, réalisateur et dirigeant de Duck Factory, qui y voit plusieurs avantages au niveau du rendu du film et de la technique. Et on n’aurait pas pu faire autant de décors compliqués avec le même budget. »
Post-production modifiée
La technologie du plateau virtuel – ici chez Novelty Group, à Longjumeau, près de Paris – se développe en France (voir page précédente). Une poignée d’acteurs se sont lancés ces derniers mois, avec des offres de location de matériel ou d’accompagnement plus avancé. Le marché en est à ses prémices. En dépit des facilités qu’elle offre, la technologie ne convient pas pour tous les projets, ni à tous les budgets.
En attendant cet essor, c’est principalement via d’autres biais que la tech s’est invitée dans le secteur de la production durant la crise, en particulier comme une alternative de fonctionnement. La possibilité de tourner à distance, en remote, malgré des inconvénients notamment en termes de fluidité de communication, a sauvé bien des projets.
Autre particularité, la post-production a pu se trouver modifiée par les circonstances, tout comme l’ensemble du processus de fabrication des images. « Dans les films à effets, la préparation est plus importante car, en remote, les équipes ne peuvent pas préparer la post-production. Il faut réaliser des maquettes pour expliquer comment tourner. Ce n’est d’ailleurs pas valorisé financièrement parlant », explique François Brun, cofondateur et PDG de Quad Group. Au final, la post-production en est facilitée malgré le surcoût.
Du côté des formats, l’animation a été timidement plébiscitée. « Chez Wizz [entité spécialisée du groupe Quad, NDLR], nous en avons fait beaucoup depuis un an, en étant plus sollicités à l’étranger qu’en France », poursuit François Brun. Si l’engouement n’est pas franc, des créations se sont démarquées, comme celle du réalisateur Quentin Deronzier pour Xbox, dévoilée fin 2020 dans le cadre de la campagne « Power Your Dreams » . « Il a aussi tourné avec Nike Portland », rappelle Jérôme Denis, PDG de La Pac, qui l'accompagne.