« Clubhouse recrée deux choses qui nous manquent : la terrasse de café ou la cafétéria pour échanger sur l’actualité et les salons professionnels. » Voilà comment Thomas Clément, vice-président de l’agence de communication La Nouvelle, créateur sur Clubhouse d’une « room » (discussion) hebdomadaire sur la food et l’influence, voit le réseau venu de la Silicon Valley qui, ces derniers mois, fait beaucoup parler en France. « Sa force est de recréer ce qu’on trouve dans un salon : des assemblées plénières, avec Xavier Niel par exemple, des tables rondes de plusieurs dizaines ou centaines de personnes. C’est une compensation du fait que l’on soit en plein Covid. À la fin de la crise, le grand public pourrait quitter le réseau mais je suis convaincu que les professionnels vont y rester », poursuit-il.
Créer des conversations
Si l’usage de l’application demeure circonstanciel et expérimental, si les critiques restent vives à son égard (élitisme, absence de modération…), les professionnels de la com l’observent de près. Des agences y ont débarqué, comme Havas Paris, mais les spécialistes de l’événementiel, elles, semblent pour le moment peu nombreuses à avoir investi ce champ.
Au-delà de reproduire un certain cadre d’échanges, Clubhouse fait évoluer l’approche des contenus, basés sur du live - pas de replay -, et sur la voix, nouveau canal porteur pour faire passer des messages. L’intérêt principal, pour les participants : se placer en leaders d’opinion, préempter des thématiques, partager des idées en les incarnant. « Les agences sont une somme de personnalités. Nous allons mettre en avant ce qu’aiment faire les individualités chez nous : com, PR, influence… L’idée est de créer des conversations aux contenus intéressants », explique Antoine de Tavernost, directeur général d’Auditoire Paris. L’agence a lancé, le 11 mars, sa première room. Consacrée à la créativité, elle a réuni, entre autres, le chef Jean Imbert et le DJ Agoria. Aussi, Clubhouse démultiplie le potentiel en termes d’intervenants, puisque chacun peut prendre la parole. Et qu’il est moins intimidant de parler dans un téléphone que devant une assemblée.
Quelques écueils
Autre avantage : il serait possible de jouer la complémentarité entre table ronde audio et événement en présentiel. « Pendant une session Clubhouse, on pourrait diffuser un moment d’une table ronde physique et en débattre », dessine Guillaume Mikowski, dirigeant de l’agence Brainsonic et administrateur de l’association Lévénement. Comme un lieu de discussion parallèle. L'inverse serait vrai aussi. Par ailleurs, après l’événement, ouvrir une room sur Clubhouse permettrait de prolonger les discussions.
Restent quelques écueils, à commencer par la faisabilité de conjuguer sans accroc les canaux. Pour le moment, impossible d’obtenir la liste des participants à une room, à moins de la constituer en live et manuellement. Sans compter, enfin, que la disponibilité de l’application uniquement sur iPhone réduit largement le nombre d’invités potentiels.