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L’agence McCann Paris se retrouve dans la tourmente après les informations publiées par Mediapart faisant état d’un vraisemblable fichage illégal de salariés.

Selon des informations révélées par Mediapart mardi 9 mars, McCann Paris est accusé d’avoir recensé 35 salariés dans un fichier visant à budgétiser leur départ et recelant un certain nombre d’informations illégales telles que l’appartenance syndicale ou la situation de santé. Le syndicat Info’com-CGT a déposé une plainte contre X pour collecte déloyale de données à caractère personnel et discrimination, précise le média.

Une politique managériale pointée du doigt

 Ce fichier, communiqué anonymement début février à plusieurs fédérations syndicales, s’accompagnait d’une lettre pointant une politique managériale brutale au sein de l’entreprise, déjà contrainte de lancer une enquête fin 2019 après des accusations de harcèlement. Des soupçons ayant mené quelques mois plus tard au licenciement de deux créatifs mis en cause, le président de l'agence Bruno Tallent ayant par ailleurs quitté ses fonctions en juin 2020. L’impression du document daterait quant à elle de juillet 2020.

Contactée par Mediapart, la direction de l’agence de publicité a reconnu l’authenticité du fichier, présenté comme «un document interne établi à des fins de reporting financier et juridique». Et de poursuivre: «En tant qu’employeur et dans le respect de la réglementation applicable, McCann Paris est autorisé à établir et conserver un tel document». En revanche, celle-ci réfute être à l’origine des commentaires tels que le qualificatif «TOXIQUE», qui apparaît à plusieurs reprises. Ledit fichier, construit sous la forme d’un tableau que Mediapart a consulté, renseigne les identités, qualifications, types de contrat, salaires ou encore ancienneté des 35 salariés. Rien d’illicite jusque-là. Mais au fil des colonnes, les éléments deviennent autrement problématiques. Une colonne «contexte» précise l’état de santé supposé de certains collaborateurs, présentés comme «en longue maladie» ou en «fragilité psychologique».

La colonne suivante, baptisée «commentaires», livre des informations sur leur appartenance syndicale ou mandats syndicaux. D’autres colonnes listent les modes de ruptures envisagés. Enfin, le tableau budgétise le coût de ces départs, notamment le montant des indemnités que les prud’hommes pourront accorder à un salarié licencié sans cause réelle ni sérieuse. Depuis, les personnes ciblées dans le fichier ont été averties par McCann Paris et la violation de la confidentialité du document a été notifiée à la Commission nationale informatique et libertés (Cnil).

Un client qui pèse très lourd

Aujourd’hui, 13 salariés sur les 35 cités dans le document travaillent toujours pour McCann Paris. Les autres ont accepté une rupture conventionnelle ou ont été licenciés ces derniers mois. L’agence, située à Neuilly-sur-Seine, appartient à McCann WorldGroup et au réseau IPG (Interpublic Group), poids lourd mondial de la communication. Le client majeur de McCann Paris n’est autre que L’Oréal. Plusieurs sources pointent d’ailleurs «l’ingérence de L’Oréal» dans le fonctionnement de l’agence, à en croire Mediapart.

 

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