internet
Le tweet de Mathieu Morgensztern, président de Digitas/Publicis et de l'AACCI, révélant le rachat de Fullsix par Havas, aussitôt démenti par les intéressés, pose la question de l'usage de Twitter par les dirigeants d'entreprise.

Depuis le tweet de Valérie Trierweiler, plus personne n'ignore en France qu'on ne peut prétendre s'exprimer à titre privé sur Twitter si l'on est un personnage public.

Du coup, les tweets publiés jeudi 6 septembre par Mathieu Morgensztern, via son compte personnel, annonçant le rachat du groupe digital et CRM Fullsix par Havas, reposent la question de Twitter dans la palette des outils de communication et, en l'espèce, de l'usage que peuvent ou doivent en faire les dirigeants d'entreprise.

Car, si Mathieu Morgensztern, interrogé par Stratégies, a beau affirmer qu'«il tweete uniquement en son nom», c'est bien parce qu'il est le président de Digitas, filiale de Publicis et plus encore président de l'AACCI, le syndicat des agences interactives, que sa parole fait écho. D'ailleurs, s'il s'était agi d'un simple blogueur, David Jones, PDG d'Havas, aurait-il démenti dans l'heure via Tweeter, suivi dans sa décision par Marco Tinelli, PDG de Fullsix?

 

La banque Lazard mandatée pour vendre Fullsix

«Mon tweet a relayé une rumeur persistante qui, selon une information, me laissait penser à une annonce imminente. Visiblement à tort ou trop tôt», nous explique Mathieu Morgensztern.

Depuis quatre ans que le fonds Cognetas détient Fullsix, on sait la vente inévitable. La nouveauté c'est que, selon nos informations, un mandat aurait été confié à la banque Lazard cet été. Et des rendez-vous pris, notamment avec Havas... dont on connaît les manques en expertise digitale.

Pour autant, si ce rachat semble crédible, était-ce le rôle d'un patron d'agence de «balancer» un tel scoop sur un concurrent ? Non ! répond la profession.

«Twitter tend des pièges à ceux qui veulent s'improviser journalistes. Ce n'est pas notre métier, estime Antoine Pabst, président de Nurun France, un patron d'agence, de surcroît avec des responsabilités syndicales, doit s'imposer un devoir de réserve».

«Sur Twitter, on recherche de la notoriété à travers une communication spontanée, explique Manon Aubert, directrice de Point Virgule & Co. Mais compte personnel ou professionnel, diffuser une information exclusive sur un concurrent est une maladresse qui frise la provocation.» D'aucuns y voient une énième bataille entre Publicis et Havas, ou les suites de l'affaire révélée fin août par Libération, de ce directeur marketing, faux espion de Renault, qui aurait été signalé par Maurice Lévy, mécontent d'un marché confié à Fullsix. Mathieu Morgensztern s'en défend. «Mon tweet n'a aucun rapport avec une quelconque compétition entre agences, c'est un tweet perso sur une info du secteur c'est tout. Il n'y a pas de sujet de polémique». Et d'ajouter toutefois: «Si mon tweet a posé un problème, j'en tiendrai compte la prochaine fois». Alors plus apprenti-sorcier que machiavel?

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.