Grand Prix de la production publicitaire 2019
Organiser un tournage en pleine montagne après avoir accroché une cuisine sur mesure à flanc de falaise, c’est le pari fou orchestré par Fullsix et Quad Productions pour la marque Schmidt. Aperçu des coulisses de ce projet hors du commun, qui remporte le Grand Prix Stratégies de la production publicitaire 2019.

« Quand j’ai reçu le script de cette pub, j’ai trouvé que l’idée était folle. Et j’ai adoré. C’était très excitant de se demander comment on allait le faire en vrai », raconte Neels Castillon, qui a réalisé la campagne « Vertical Home », conçue par l’agence Fullsix et Quad Productions pour la marque de cuisines Schmidt. Les producteurs François Brun, de Quad, et Guy Péchard ont joué un rôle déterminant pour trouver des solutions à toutes les étapes de la réalisation du projet. « Nous avons tout de suite été enthousiasmés par cette aventure, d’autant que nous avions déjà effectué des tournages dans des conditions extrêmes, notamment en posant un cube gigantesque à 2300 mètres de hauteur en Alaska », précisent-ils.



Une équipe dexperts

Très vite, une magnifique paroi est repérée pour le tournage, mais des investigations par hélicoptère conduisent au constat que la roche est trop friable. Si être producteur, c’est savoir prendre des risques et chercher à repousser toujours plus les limites, pas question pour autant de mettre en danger les équipes. « Nous avons eu recours à des guides de haute montagne très aguerris et à des techniciens amoureux de la
 montagne », soulignent les producteurs. La majorité des sites étant protégés, il n’était pas question d’y aller. C’est finalement le massif du Parmelan, en Haute-Savoie, qui a été choisi, mais plusieurs fois le projet a failli s’arrêter, notamment en raison d’une météo épouvantable. « On s’est tous fait peur, même si les règles de sécurité étaient drastiques. Pour l’occasion, j’ai pris des cours d’escalade afin de pouvoir m’encorder », raconte Neels Castillon. Le réalisateur mentionne également certaines situations à la fois drôles et absurdes : « J’ai en tête un moment où l’on nous demandait de bouger la tartine du petit déjeuner ou le verre de jus d’orange, un peu à droite, puis un peu plus à gauche. C’est le genre de requête normale en publicité, mais cela devient compliqué quand il y a quinze personnes accrochées dans le vide et que l’orage arrive. »

Certains membres de l’équipe, comme le chef décorateur Jérome Krowicki (qui s’est notamment occupé des décors du film Himalaya, lenfance dun chef d’Éric Valli) ou le chef machiniste Vincent Blasco, ont l’expérience des tournages dans des conditions extrêmes. « Je leur ai demandé de placer ma caméra où je voulais autour de la cuisine comme si on était dans un studio. Parce que je trouve que dans les films d’alpinisme, la caméra est trop souvent proche de la paroi et il était hors de question d’utiliser une GoPro ou un drone. Ils ont relevé le défi », explique le réalisateur. Pour suspendre le chef opérateur, une installation de 600 kg a été conçue. Pendant deux semaines, les équipes ont dormi dans des tentes en pleine montagne. Et pour communiquer, retour au bon vieux talkie-walkie, même s’il n’était pas toujours évident de capter à travers la falaise. « Ce sont de superbes souvenirs, d’autant que Kenton Cool [alpiniste de renom, qui a gravi 13 fois lEverest, et qui était légérie de la campagne] était très agréable. Il a apporté beaucoup de sérénité et donné une bonne énergie », confie Neels Castillon.

 

Un prolongement en websérie

« Nous tenions par ailleurs à ce qu’il y ait le moins d’impact écologique possible. Rien n’est resté sur la paroi une fois le tournage terminé et les trous ont été rebouchés avec de la résine. De plus, une partie du matériel a été montée à dos d’homme et de mulet, pour avoir le moins possible recours aux hélicoptères », expliquent les producteurs. Une préoccupation dont rend compte la websérie qui raconte les coulisses de l’aventure et qui permet aussi de prendre pleinement conscience du côté périlleux et impressionnant du tournage. « Avec l’agence Fullsix, nous avons choisi de raconter l’épopée dans un dispositif 360° en réalisant une websérie inspirée des documentaires Netflix. La gestion des rushs en montagne a été complexe, car nous tournions en 8K avec la même caméra de cinéma que pour la publicité », précise le réalisateur. Il se souvient avec émotion de la première fois que les clients ont vu ce making-of : « Nous étions hyper fiers. Il n’y a eu aucune modification. » Et pour que les épisodes soient authentiques, les personnes interviewées n’ont pas du tout été briefées. Résultat : le récit de cette belle aventure humaine sonne incroyablement juste. Plus qu’une campagne, c’est devenu un cas d’école !

Avis d'expert

« Entre une expédition et une campagne publicitaire », Stephan Massis, chef opérateur

« Ce projet, c’est un mix entre une expédition et une campagne publicitaire. J’en garde un souvenir extraordinaire, d’une part en raison d’un site superbe, mais aussi pour l’aspect humain. L’équipe était incroyablement soudée. Face aux défis techniques, chacun a apporté sa pierre à l’édifice. Pas facile de passer à d’autres projets quand on a vécu une chose pareille. À tous points de vue, c’était une aventure unique ! »

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