Michel-Edouard Leclerc, le patron de E.Leclerc, avait contesté une grande partie des hausses de prix demandées par les industriels de l'agroalimentaire. Mais le Sénat ne constate pas de «phénomène massif de hausses suspectes des tarifs fournisseurs».
Tout a commencé fin juin, lorsque le président du comité stratégique des magasins E. Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a déploré sur BFMTV et RMC que «la moitié des hausses demandées» par les industriels dans le cadre de renégociations sur le prix des denrées destinées à être vendues par les grandes surfaces n'étaient «pas transparentes» et «suspectes».
Mais les travaux des sénateurs «n'ont pas permis d'observer, au-delà de [quelques] cas particuliers, un phénomène généralisé de hausses abusives», écrit le groupe de suivi Egalim, du nom de la loi alimentation, dans un rapport approuvé le 19 juillet par la commission des Affaires économiques du Sénat.
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A contrario, les parlementaires ont noté que la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) avait recensé des hausses de prix dans les rayons de la part de «certains distributeurs», alors qu'ils «n'avaient pas signé de hausse de tarif d'achat du produit avec le fournisseur». Des pratiques «facilitées par le fait que les consommateurs s'attendent, de toute façon, à constater une forte inflation dans les rayons».
Le rapport sénatorial relève des chiffres d'inflation des matières premières «particulièrement impressionnants», citant une augmentation du prix du verre de 45%, du carton de 60%, des céréales de 75% et juge qu'il n'est, à ce titre, «pas étonnant que les demandes de hausse des tarifs émanant des industriels soient particulièrement élevées».
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Regrettant «un niveau de tension inédit entre industriels et distributeurs», il alerte en outre sur «un risque non négligeable de rupture d'approvisionnement» que fait courir ces tensions. Des fournisseurs ont notamment menacé de cesser la production et l'approvisionnement «si leurs demandes de renégociation étaient rejetées, ou exagérément revues à la baisse».
Habituellement, industriels de l'agroalimentaire et distributeurs négocient de l'automne à fin février le prix de certains des produits qui seront vendus dans l'année en grandes surfaces. Mais devant la flambée des coûts de production liés au redémarrage de l'économie post-covid ainsi qu'à la guerre en Ukraine, le gouvernement avait appelé mi-mars les deux parties à renégocier les contrats tout juste signés.
Les parlementaires ont en outre regretté un «manque d'implication de la part du gouvernement dans le suivi des négociations commerciales, une fois qu'il a oeuvré à leur réouverture».