Engagées sur le papier à réduire leur empreinte carbone, les grandes banques persistent à vouloir financer des activités fortement émettrices de gaz à effet de serre, d'après le centre Transition Pathway Initiative (TPI) basé à London School of Economics, dans un rapport publié le 8 octobre.
Des 26 établissements bancaires transnationaux interrogés par le centre Transition Pathway Initiative (TPI), basé à la prestigieuse London School of Economics, un centre de recherche conseillant les investisseurs vers des placements bas-carbone, 22 d'entre eux sont prêts à financer de nouvelles activités liées au charbon et 24 l'exploitation de nouveaux champs pétroliers et gaziers.
En permettant la circulation de capitaux importants vers des activités fortement émettrices de gaz à effet de serre, les poids lourds du secteur financier font courir des risques à l'ensemble des acteurs économiques, estiment les auteurs de l'étude. « Si certains progrès ont été accomplis depuis nos premières évaluations en 2022, les banques n'agissent pas assez rapidement pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux, regrette Simon Dietz, directeur de recherche au TPI. Sans une action plus forte, le secteur bancaire s'expose - et par extension, l'économie mondiale - à des risques réglementaires, commerciaux et physiques plus importants liés au changement climatique. »
Le rapport, qui examine au total 38 banques, dont dix banques régionales américaines et les banques françaises Groupe Crédit Agricole, Société Générale et BNP Paribas, révèle que la plupart d'entre elles ne contribuent pas suffisamment pour permettre au monde d'atteindre les objectifs de température de l'accord de Paris. Seulement 19% des trajectoires présentées par les banques sur leurs divers secteurs d'activité ont des plans de réduction de leur empreinte carbone d'ici 2035 conformes à ce que le secteur est censé faire pour limiter le réchauffement à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Ce taux chute à 3% si l'on considère la limite plus stricte de 1,5°C.
L'analyse du TPI juge que les établissements bancaires européens et japonais ont fixé davantage d'objectifs sectoriels de décarbonation que leurs homologues nord-américains, tandis que les banques chinoises étudiées n'ont pas encore fixé d'objectifs sectoriels de décarbonation. En conclusion, les auteurs appellent à une intégration plus systématique des questions climatiques dans les opérations des banques. « Promettre la neutralité carbone est devenu courant, mais ces engagements restent limités dans leur portée en raison de l'exclusion de secteurs d'activité importants », soulignent-ils, estimant que seulement 22% des revenus des banques sont couverts par des engagements climatiques.
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