Créé en 2017, Café Joyeux fait partie de ces marques qui portent nativement la responsabilité sociale et environnementale dans leur ADN. Anatomie de ce succès tricolore, qui commence même à s’exporter à l’international.
Une seule résolution à garder en 2024 ? Misez tout sur un mocaccino au Café Joyeux. Dans ces établissements de restauration qui emploient des personnes en situation de handicap cognitif et mental, l’entreprise veut accomplir sa mission d’inclusion par le travail et la rencontre. « Seules 0,5 % de ces personnes travaillent actuellement en milieu ordinaire. En intégrant la fragilité en cœur de ville, nous changeons le regard sur le handicap », rappelle Laure Kepes, directrice de la collecte de fonds de l’enseigne.
Une utopie attendrissante ? Plutôt un carton plein. Du premier café à Rennes en 2017 à l’ouverture de New York à la fin du mois, de Lisbonne aux Champs-Élysées, en passant par Lyon, Bordeaux ou Nantes, le jaune soleil de la marque irradie dans le monde entier à travers 19 établissements. Laure Kepes s’en réjouit : « Nous avons reçu 2 000 demandes d’ouverture et un million de convives plus tard, l’engouement ne faiblit pas. »
Schéma entrepreneurial
Pour garantir l’indépendance et la pérennité du concept, le cofondateur, Yann Bucaille, a fait table rase des vieilles recettes humanitaires, en misant sur le schéma entrepreneurial. « Notre modèle économique est hybride. La générosité des donateurs est requise sur les phases de lancement et d’investissement, les établissements devant ensuite atteindre la rentabilité. Nous n’avons aucun actionnaire à servir à l’exception du fonds de dotation Emeraude Solidaire, à but non lucratif. Nous avons en revanche la responsabilité de sécuriser les emplois, la masse salariale représentant aujourd’hui plus de 50 % de nos charges », résume Laure Kepes.
La marque éponyme de cafés, thés et tisanes, créée en 2018, contribue grandement à ce développement. Boostée en termes de notoriété grâce à son partenariat avec Nespresso, Café Joyeux met un coup d’accélérateur cette année en lançant une nouvelle gamme dans 284 magasins de l’enseigne Carrefour. Autre relais de croissance, l’implantation de Café Joyeux au sein des entreprises. Après Klesia, c’est au tour de Canal+, et bientôt du siège de Crédit Agricole. « C’est un moteur puissant, car sur le long terme, des liens personnels se tissent entre équipiers et collaborateurs », ajoute Laure Kepes.
Diplôme reconnu par l'État
Pour ne pas perdre son âme dans un développement rapide, Café Joyeux a son antidote : la formation, pierre angulaire de la structure depuis deux ans sur toutes les strates de l’entreprise. Son CFAJ (Centre d’Apprentis Joyeux) forme les équipiers à un diplôme reconnu par l’État, qui leur permet de développer leur employabilité pour d’autres structures. Nouveauté de ce centre en 2024, l’ouverture aux personnes en situation de handicap de l’extérieur, mais aussi aux entreprises qui souhaitent employer ces personnes, avec des modules d’accompagnement au handicap certifiants.
Dans toutes ces belles histoires, quelle est celle que Café Joyeux porte le plus fièrement ? « La création des 154 CDI de droit commun, et leur impact sur le bien-être et l’autonomie des équipiers et de leurs familles », répond Laure Kepes. Les changements de vie d’Aurélien, Brandon, Cécilia, et tous les autres sont là pour en témoigner.