En prenant la tête de Dior à 47 ans, Delphine Arnault se hisse un peu plus haut dans la galaxie LVMH où gravitent les quatre autres enfants de Bernard Arnault, première fortune mondiale avec sa famille.
« Notre père nous a toujours beaucoup impliqués, dès le plus jeune âge. Il nous parlait du groupe, de son travail, de ses clients. Nous étions consultés (...). Je me rappelle être allée avec lui, à dix ans, au sein de la maison Dior », raconte Delphine Arnault dans le livre d'entretiens Patronnes - Tête-à-tête avec les numéros unes d'Elodie Andriot, paru en octobre.
C'est précisément chez Dior que Delphine Arnault fera ses premiers pas de PDG le 1er février, une marque où elle a déjà travaillé pendant 12 ans et hautement symbolique pour Bernard Arnault, dont ce fut la première acquisition dans la mode.
« Sa nomination est tout sauf une surprise tant elle est imprégnée de la culture et de l'ADN de Dior. Son exigence et son oeil unique ne feront que renforcer la désirabilité de tout ce qui fait le succès de la maison », estime auprès de l'AFP Sidney Toledano, PDG du LVMH Fashion Group (pôle fédérant plusieurs marques) et ex-PDG de Christian Dior Couture, qui la connaît depuis la fin de ses études.
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Delphine Arnault, native de Roubaix, silhouette élancée et chevelure blonde, est l'aînée des cinq enfants et la seule fille du milliardaire. Diplômée de l'école de commerce Edhec et de la London School of Economics, elle passe deux années au cabinet de conseil McKinsey avant d'entrer dans la mode chez John Galliano.
Elle intègre LVMH en 2001 en rejoignant le comité de direction de Dior, où elle dirige plusieurs lignes de produits puis devient directrice adjointe. En 2013, elle accède au poste-clé de numéro deux de Louis Vuitton, où elle contribue à la croissance exponentielle de la première marque de luxe au monde.
« Son rôle était déjà extrêmement important mais elle était plutôt dans l'ombre ; elle sera désormais en pleine lumière » chez Dior, estime Éric Briones, cofondateur de l'école Paris School of Luxury. Il décrit « son côté femme de dossiers, avec un haut niveau d'exigence et de connaissance des coûts et de l'industrie. Elle est également à l'aise dans les strass de la mode et a un vrai flair pour repérer les talents », ayant notamment créé le très convoité Prix LVMH qui récompense chaque année un jeune créateur.
En interne, peu d'employés souhaitent s'exprimer sur Delphine Arnault, même anonymement : un haut cadre la qualifie de « rigoureuse gestionnaire », tandis qu'un salarié parisien confie que « de prime abord elle peut être froide ou très distante, elle est dans son rôle. Mais elle va aussi dire bonjour aux salariés et saluer ceux qu'elle connaît depuis longtemps quand elle se rend en magasin, comme le fait son père afin d'avoir les retours des clients sur les produits, sur ce qui fonctionne ou pas ».
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Sa nomination renforce le contrôle familial de l'empire : Antoine Arnault, l'aîné des fils, cumule déjà les titres, dont ceux de directeur général de la holding Christian Dior SE contrôlant LVMH ou directeur de l'image et de l'environnement du groupe. Du côté des fils nés d'un deuxième mariage, Alexandre Arnault est vice-président exécutif du joaillier Tiffany, Frédéric PDG de l'horloger Tag Heuer et Jean directeur du marketing et du développement des montres pour Vuitton.
Delphine Arnault est pour l'instant la seule des cinq enfants à siéger au comité exécutif de LVMH, instance dirigeante du groupe. « On sent quelque chose d'extrêmement construit pour éviter une guerre de succession, chaque enfant a son territoire en fonction de son talent et de son expérience. Et leur père est toujours totalement là », souligne Éric Briones. « À 73 ans, mon père est encore très jeune. Nous avons collectivement encore beaucoup de projets à mener ensemble et de nombreuses années devant nous! », plaide Delphine Arnault dans le livre paru cet automne.
Mère de deux enfants qu'elle a eus avec l'homme d'affaires Xavier Niel, elle indique également « ne pas avoir de comptes sur les réseaux sociaux » et se « faire très discrète. Heureusement, on ne me reconnaît pas dans la rue ».
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