Obtenir le titre de capitale culturelle européenne ou française est un coup d’accélérateur pour l’attractivité des territoires. Démonstration de Rouen à Villeurbanne.
Lille et Marseille profitent toujours de l’aura apportée par leur titre de capitale européenne de la culture, respectivement en 2004 et 2013, qui leur a amené chacune entre 9 et 10 millions de visiteurs. La prochaine occasion de briller pour une ville française aura lieu en 2028, avec la désignation de la lauréate fin 2023. Rouen fait partie des candidates, fédérant autour d’elle plusieurs communes et départements ainsi que la région Normandie. Le fil conducteur de son projet est la Seine, qui fait le lien entre la culture et l’industrie.
« Le label de capitale européenne de la culture ne vient pas féliciter une politique en place, mais vient aider un développement, explique Christine de Cintré, présidente de Rouen Normandie Tourisme & Congrès, qui porte le dossier de candidature. La Seine fait notre identité, mais elle comporte de nombreuses friches industrielles et l’accident de Lubrizol il y a trois ans a blessé le territoire. À l’heure du changement climatique, le fleuve est à nouveau le centre de toutes les attentions, avec la possibilité de développer le transport par bateau. Notre projet veut réconcilier les paysages naturels qui ont inspiré les impressionnistes avec la transformation par l’humain à travers la science et les savoir-faire. »
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Certains efforts de développement, sur les transports notamment, seront menés quoi qu’il en soit, mais l’effet d’attraction touristique et d’image du label, doté d’un budget de 80 millions d’euros, est une manne recherchée par les collectivités. Montpellier est également sur les rangs : suite à la candidature malheureuse de Sète comme capitale française de la culture, la ville méridionale a mobilisé 142 communes, par-delà les étiquettes politiques, et en attend un rayonnement international.
Le premier titre de capitale française de la culture, décerné par le ministère de la Culture, est revenu cette année à Villeurbanne dans le Rhône. Cette ville jeune (47 % de la population a moins de 30 ans), à la politique culturelle déjà riche (elle accueille le Théâtre national populaire, le Fonds régional d’art contemporain, un Centre national des arts de la rue et de l’espace public…), a tout misé sur les nouvelles générations.
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La programmation comprend un volet pérenne, la transformation des 26 groupes scolaires en centres culturels, les Minimix, et un volet événementiel, un festival confié à 115 jeunes de 12 à 25 ans, encadrés par des professionnels.
« Si la capitale européenne a une dimension internationale, la capitale française a pour but de positionner la ville dans l’Hexagone, témoigne Bernard Sevaux, directeur de la culture de la ville. Adossée à Lyon, Villeurbanne a une identité indéterminée au niveau national. Elle a pourtant la taille d’une capitale régionale, avec plus d’habitants que Clermont-Ferrand ou Aix-en-Provence. Cet événement est important pour l’attractivité et la reconnaissance nationale de Villeurbanne. »
Le point d’orgue des festivités a été la nouvelle création de la compagnie Royal de Luxe en septembre : le Bull Machin de Villeurbanne, un chien mécanique de 4,5 mètres de haut qui a fait venir des visiteurs au-delà de ses frontières.