Technologie
Outre sa solution de certificat de propriété, le consortium Arianee propose un modèle économique qui commence à convaincre les marques de luxe.

On dit souvent que l’App Store a davantage révolutionné le mobile que l’iPhone lui-même. Les organisations, davantage que les technologies, modifient en profondeur un secteur. Ainsi, si la start-up Arianee apporte une nouveauté au marché, ce n’est pas tant par son utilisation de la blockchain que par ses conséquences. « Le principe du produit est simple, décrit Pierre-Nicolas Hurstel, PDG et cofondateur d'Arianee. Nous utilisons la technologie blockchain [une base de données distribuées sur le réseau, tous les ordinateurs détenant un fragment d’information] pour créer des identités numériques des objets de valeur. Une sorte de passeport numérique, unique, qui contient les informations du produit. Ce passeport fait office de titre de propriété, sans passer par un huissier. Il peut être cédé, transféré, légué. Il est conservé et crypté dans la blockchain, donc infalsifiable et accessible via un smartphone, dans un wallet personnel et protégé. »

Changer la relation client

Une application de la blockchain attendue qui matérialise la fameuse « disruption » des huissiers. Mais cette idée, qui a, en 2019, le mérite d’exister concrètement, n’est pas le cœur de la révolution Arianee. « Ce que nous voulons, c’est changer totalement la relation client, annonce le cofondateur. Ce titre de propriété permet de contacter le propriétaire d’un objet pour lui proposer un service personnalisé, et basé, non pas sur l’achat du produit, mais sa possession. » On vous a offert une montre ou vous la récupérez de votre défunt grand-père ? La marque peut vous proposer des services adaptés. Authenticité, assurances, réparations, suivi des pièces changées… tout est possible, et se développe dans l’écosystème Arianee. Idéal pour les voitures par exemples, afin de tracer les restaurations. Une relation client basé sur la possession met en place un nouveau rapport à la marque. Mais ce n’est pas tout.

Devenir un standard

Quel modèle économique devant cette nouvelle technologie ? Pour l’étendre elle doit être accessible, sans barrière à l’entrée… « Notre objectif est de devenir un standard. Pas juste de vendre une techno », concède Pierre-Nicolas Hurstel. Et surtout travailler en collaboration avec les marques. Tout est en open source, et Arianee n’est pas une société mais un consortium à but non lucratif. Comment garantir un système viable ? Arianee a créé un jeton numérique, le token « Aria ». Une sorte de cryptomonnaie avec une utilité dédiée : faire fonctionner la technologie. Sa valeur est liée à l’utilisation du protocole de génération de certificats. Pour utiliser la plateforme, une marque doit acheter des jetons et payer les services avec. C’est ce jeton qui permet d’offrir un intéressement aux investisseurs du projet. Les marques, elles, ont tout le contrôle de la gouvernance qu’elles partagent avec toutes les autres. À ce jour, dix maisons de luxe font partie du projet telles que Vacheron Constantin, Ba&sh ou encore plus récemment Breitling. Mais aussi des organisations comme Nelly Rody, Dentsu Aegis ou encore GS1, organisation qui génère notamment les codes-barres. Et ce n’est sûrement qu’un début.

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