Tout est question d’image. Ce ne sont pas les dirigeants du pôle créatif d’Artefact France qui diront le contraire. Alors que celui-ci compte une trentaine de salariés, pèse 2,3 millions d’euros de marge brute et affiche un solide portefeuille, rien n’y fait. Certains peinent encore à associer Artefact et publicité. Un déficit de reconnaissance auprès d’une partie des annonceurs que l’agence entend balayer une fois pour toutes en optant pour son propre nom : Artefact 3000. « En raison de la connotation data d’Artefact, qui articule son activité autour de quatre axes - conseil data, data marketing, activation et création -, nous n’avons pas de prédisposition à être lus comme une agence publicitaire », concède François Brogi, associé à la tête de l’agence en compagnie de Jean Allary et Romain Pergeaux, tous trois issus du sérail BETC. D’où ce rebranding d’ordre formel, la création d’Artefact 3000 ne s’accompagnant pas de celle d’une nouvelle entité juridique, P&L à la clé.
Références structurantes
« Le but est d’aider le marché à identifier l’agence. Nous sommes déjà concrètement des créatifs, certaines collaborations avec Artefact France se faisant exclusivement sur ce plan-là. Mais nous voulons le devenir encore plus », résume-t-il. « Nous avons la chance d’être nés dans un groupe qui possède une expertise notoire en matière de data. C’est un atout incomparable. Mais si nous en sommes aujourd’hui là grâce à Artefact, paradoxalement, cela nous empêche de décoller en tant qu’agence créative pure », constate Romain Pergeaux, qui pilote la création. « Il s’agit d’un enjeu de notoriété mais aussi plus largement de faire comprendre que la data est un accélérateur créatif », complète pour sa part Jean Allary, responsable de la stratégie.
Une erreur d’appréciation d’autant plus regrettable que « l’agence s’appuie sur des comptes structurants comme Fisher Price, Nexity ou Perrier », rappelle François Brogi, citant également « les collaborations régulières » avec des références du calibre de « Kenzo » ou « Greenpeace ». Le tout sans oublier des réalisations qui plaident en sa faveur, à commencer par la campagne « C’est pas Versailles », signée récemment pour Total Direct Energie. « C’est un cas symptomatique car très peu savent qu’Artefact se cache derrière », abonde le dirigeant.
Taux de transformation élevé
Autre élément de nature à permettre à l’agence de changer de dimension, sa compétitivité élevée lors des pitchs. Trois ans après son lancement, le taux de transformation avoisinerait « 75% », à en croire ses dirigeants, qui relèvent également la bonne santé actuelle du pôle et du groupe. « Que ce soit Artefact au global ou Artefact 3000, l’activité sera encore en croissance cette année en dépit de la crise sanitaire et économique », assure François Brogi, qui se veut confiant quant à la capacité de l’agence à modifier le regard des annonceurs et à se faire un nom propre au sein du groupe coté.
Chiffres clés
8%. Part de la marge brute d’Artefact France (28,9 millions d’euros en 2019) que représente l’activité de l’agence.
30. Nombre de salariés d’Artefact 3000 (sur les 300 que compte le groupe en France).
17,8 millions d’euros. Marge brute d’Artefact France au premier semestre 2020 (+18% sur un an).