À l'occasion du lancement de la première édition du Stratégies Festival, Hugo Legrand-Nathan CEO et producteur de la maison Birth donne le pouls de la publicité post-confinement. Et contrairement à ce qu'il n'y paraît, la production repart de plus belle.

Comment se porte la production depuis la sortie du confinement ?Hugo Legrand-Nathan : Mis à part ces deux mois de pause, la rentrée a très bien commencé pour notre boîte de production. Depuis juin, nous travaillons sur une quinzaine de projets, un chiffre conséquent par rapport aux années précédentes. L’activité est sereine et nous prions pour qu’il n’y ait pas de rechute en 2021. En même temps, nous avions pas mal travaillé pendant le confinement, que ce soit pour la préparation de futurs projets, faire de la communication aux annonceurs... Dès que le confinement a été levé et même si les frontières restaient encore fermées, nous nous sommes relancés avec la campagne SPA, en collaboration avec l’agence WNP. Et même si le tournage se passait à distance, le film a très bien marché. Le script donnait à voir un spot émotionnel, le message est très puissant et tout cela avec peu de moyens. Même si l'agence et l'annonceur étaient obligés de nous faire confiance étant donné la configuration exceptionnelle, nous avions une réelle liberté d’action.

 

Quel bilan peut-on faire de l’industrie publicitaire cette année ?Je n’ai pas forcément une vision globale mais du point de vue de notre agence, et même si les conditions sanitaires restent contraignantes, nous vivons un bon retour à la normale. Nous venons actuellement de finir un tournage en France pour un projet ambitieux, qui, avant le confinement, n’aurait jamais été pensé de cette manière. En effet, nous voyageons très rarement et ce n’est pas plus mal pour l’industrie française car en plus de faire revivre la publicité française, cela participe à notre économie. C’est le rôle des producteurs d’adapter les coûts selon l’enveloppe budgétaire de l’annonceur. Nous sommes en train de prouver que nous pouvons trouver une esthétique dans des choses plus vivantes et naturelles, avec moins de moyens et d’équipements.Quelles sont les tendances qui se dessinent ?Une des premières tendances qui se dessine est le développement du registre comique dans les campagnes françaises. Les annonceurs ont compris que les populations ont envie de rire. Leurs messages sont aussi très puissants et plus conscients. Je ressens aussi des changements quant à la manière de penser les films, les briefs de campagnes sont plus réfléchis et proposent des publicités plus conscientes accompagnés de messages en adéquation avec ce que vivent les populations. 

 

Quelles sont les campagnes qui vous ont marquées ces derniers mois ?Du côté de la France, j’ai bien aimé tout le travail qu’à fourni Buzzman avec Burger King. C’était simple mais drôle, une bulle d’air qui nous a redonné le sourire. De l'autre côté de l'Atlantique, sans suprise c'est Droga 5 avec sa campagne «Snake» pour la marque Setapp.Selon vous, la créativité va-t-elle en prendre un coup ?Je pense que les marques s’en sortiront si elles communiquent de manière plus audacieuse. On l’a vu pendant le confinement avec des agences comme Buzzman, Romance ou encore Rosapark qui ont sorti de super campagnes. Alors non, je ne crois pas que la créativité soit en danger.Qu’attendez-vous de l’industrie publicitaire en termes de production ?Nous devons plus que jamais avoir une création forte qui représente autant les agences que les boîtes de production et les réalisateurs, nous devons être fiers de ce que la France sort. Nous ne pouvons pas nous cacher derrière l’excuse de «c’est la crise» donc on va faire des choses «cheap» et vulgaires. Les productions françaises ont tous les atouts pour nous surprendre.