Dossier Dossier femmes
Les journalistes sont à la pointe dans le combat pour la reconnaissance des droits des femmes. Portraits.

[Cet article est issu du n°1939 de Stratégies, daté du 1er mars 2018]

Sandra Muller, briseuse de silence

Plus que féministe, elle se définit comme « briseuse de silence », ou plutôt, pour elle qui vit maintenant à New York, comme « silence breaker ». À 46 ans, Sandra Muller, qui dirige le quotidien La Lettre de l’audiovisuel, est apparue sous les projecteurs le 13 octobre dernier. « On était en pleine affaire Weinstein, raconte-t-elle, et l’idée m’est venue de tweeter pour dénoncer un homme qui avait eu des paroles choquantes à mon encontre en ajoutant le hashtag Balancetonporc, en référence au producteur que tout le monde appelait comme ça sur la Croisette. » Deux jours avant le hashtag Metoo, Sandra Muller lançait ainsi le mouvement de libération de la parole en France. Aujourd’hui, après des centaines de milliers de messages, une place parmi les personnalités de l’année du magazine Time et un procès intenté par l’homme qu’elle a désigné, Eric Brion, Sandra Muller veut créer une association pour lutter contre le harcèlement en entreprise.

 

Nadia Daam, chroniqueuse intrépide

Sa vie a basculé le 1er novembre dernier après une chronique radio où elle prenait la défense des promoteurs du numéro « anti-relous » lancé contre les harceleurs de rue. Insultes, menaces de viol, intimidations à son domicile, Nadia Daam subit à son tour la vindicte d’hommes identifiés depuis et qui devraient être jugés prochainement. Féministe, Nadia Daam, 39 ans, ne l’a pas toujours été. « Moi aussi, à 15-16 ans, j’ai dit d’une fille qu’elle n’aurait pas dû mettre une jupe si courte », se souvient-elle. Puis, des petites annonces de Libération à l’émission 28 minutes sur Arte, en passant par Les Maternelles sur France 5 ou « un détour rapide et douloureux » par Grazia, elle forge ses convictions qu’elle partage aujourd’hui sur le site Slate, où elle aborde la question du genre. Et Nadia Daam ne rate jamais l’occasion, pour paraphraser le nom de sa chronique matinale sur Europe 1, d’y donner un « coup de patte » bien senti contre le sexisme.

 

Lauren Bastide, paroles de femmes

Le 21 janvier 2017, elle était à Washington pour la marche des femmes contre Donald Trump, dont l’élection aura été, selon elle, déterminante dans la « remobilisation autour des questions féministes ». Lauren Bastide, 36 ans, a d’abord passé dix ans à la rédaction de Elle, époque Valérie Toranian, avant un crochet au Grand Journal sur Canal+ puis la création en 2016, avec Julien Neuville, de la société de production de podcasts Nouvelles Écoutes. La journaliste y anime La Poudre, une émission conçue « pour compenser la sous-représentation des femmes dans les médias », un travers qu’elle dénonce aussi à Prenons la une, l’association dont elle est la porte-parole. Depuis cette année, elle prête sa plume au Huffington Post pour une chronique consacrée aux figures marquantes de l’histoire du féminisme. Pour sa première, le choix de Delphine Seyrig sonnait comme un joli pied de nez à la tribune pour la liberté d’importuner signée par Catherine Deneuve.

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