Le patron de Sarenza.com, Stéphane Treppoz, pilote ses équipes à grande vitesse et valorise celles qui relèvent ses défis.

«Hyper». Voilà le mot de passe pour entrer dans l'univers de Sarenza.com, leader français de la vente de chaussures sur Internet. Ici, on donne de l'«hyper» à tous les étages. Le superlatif est au cœur de la doctrine commerciale: «Proposer l'hyperchoix et l'hyperservice.» Une sorte de leitmotiv: «La croissance de l'activité est telle que nous sommes en crise permanente, dans l'hyper-court terme, cela implique de l'hyperdisponibilité et d'être hyperréactif», scande Charlotte Dereux, directrice marketing de Sarenza, avec le souci apparent de la scansion anaphorique.

Pour mener cette ruche 2.0 tambour battant et résister à ses concurrents, comme l'allemand Zalando, il fallait un manager bien sûr hyperconnecté à son hypermarché de la chaussure en ligne. C'est le rôle de Stéphane Treppoz, quarante-cinq ans, une figure du Web, rodé aux sociétés à cadence rapide (il a fait passer AOL Europe de 25 à 1 500 personnes…). Avec Sarenza, il est sur la même pente: la société de 150 salariés (80 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2010) va intégrer 80 personnes en 2012.

L'une des bottes secrètes de Stéphane Treppoz: l'utilisation massive de l'e-mail. «Je peux envoyer des messages 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, même si je n'attends jamais de réponse dans l'instant», raconte-t-il. Ce que confirme Charlotte Dereux: «Il a une culture de l'écrit très forte.» Un mode de fonctionnement qui déteint sur la culture d'entreprise. «Pour valider des décisions importantes dans des temps très courts, on ne peut pas se permettre d'être brouillon dans nos mails, la façon de présenter nos arguments, les analyses chiffrées, etc. Tout doit être limpide», poursuit la directrice marketing.

Même si l'usage de cet outil fait aussi l'objet de débat. «Nous réfléchissons au sein du comité de direction à une approche différente, pour éviter que les divers services ne se noient sous les messages et n'arrivent plus à interagir intelligemment, explique Caroline Gentien, directrice de la communication et du merchandising. L'idée est de s'obliger à discuter de vive voix dès qu'un sujet commence à faire l'objet de trop d'allers-retours.»

Un comité de direction quasi féminin

Principale limite de Stéphane Treppoz? Son souci de célérité le conduit parfois à oublier de mettre les formes. «Hier, je lui ai dit que “merci de faire ceci”, pouvait aussi se dire “Caroline, s'il-te-plaît, tu pourrais…”», rapporte, en souriant à moitié, la directrice de la communication. Aux antipodes du «management tour d'ivoire», Stéphane Treppoz accepte les critiques de ses directrices, huit femmes sur onze personnes du comité de direction.

Enfin, ce patron a une autre botte en magasin pour que sa «petite boutique» tourne bien: il lance en permanence des défis à ses collaborateurs. Et valorise ceux qui les relèvent. «J'ai toujours récompensé davantage ceux qui avaient fait dix choses, réussi cinq et raté autant, que les moins entreprenants», reconnaît-il. Lui-même n'hésite pas à se mettre en «danger»: la dernière fois, c'était le 15 décembre, lors de la soirée de fin d'année de Sarenza, il était déguisé en «super-Père-Noël». L'année prochaine, ce sera sûrement en «hyper-Père-Noël».

 

Son parcours en bref

1989. Diplômé d'HEC.
1990-1995. Directeur marketing, puis président de Meccano (Etats-Unis).
1995-1998. Chargé de mission auprès de la direction générale de Vivendi, puis de Cegetel.
1998-2004. PDG d'AOL France.
2005-2007. Senior Advisor chez Wendel Investissement.
Depuis 2007. Président du directoire de Sarenza.com.

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