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Pour la première fois, le Grand Prix de Formula E s'est disputé samedi 23 avril dans les rues de la capitale. Le promoteur du championnat a pris en charge les frais d’organisation, et l'épreuve ne sera pas rentable pour lui. Qu’importe, le prestige d'une course au pied de la tour Eiffel est le plus fort.

Voici un événement qui n'a pas fait de bruit. Malgré tout, le premier Grand Prix de Formula E de Paris a été un succès. Samedi 23 avril, plus de 20 000 spectateurs se sont installés autour de l’hôtel des Invalides pour voir des monoplaces taquiner les 200 km/h, sous l’œil complaisant des forces de sécurité. Cela quasiment sans faire de bruit (80 décibels, contre 135 pour les F1) grâce à des moteurs électriques surpuissants.

C’est la première fois depuis 1951, et la dernière édition du Grand Prix de la Libération (qui se disputait dans le bois de Boulogne), que la capitale accueille une épreuve automobile. «C’est un rêve pour moi, qui a été rendu possible parce que ce sont des voitures électriques», se réjouit Alejandro Agag, promoteur du nouveau championnat du monde de Formula E. Il a cassé sa tirelire pour s’offrir ce circuit au pied de la tour Eiffel. «Sur un budget d’environ 12 millions d’euros, nous devrions être déficitaire de la moitié», confie Alejandro Agag, qui se félicite pourtant des ventes de billets. «Ils se sont arrachés, c’est un record pour un Grand Prix de Formula E.» Sur les 20 000 spectateurs, 5 000 sont des riverains, qui bénéficient de places gratuites, et 4 000 des places VIP achetées par les entreprises. «Le programme hospitalité a dépassé nos espérances», précise-t-il.

Droits TV peu élevés

Le budget est surtout assuré par les sponsors, Visa et DHL se partageant la plus grosse part. Une poignée d’autres marques internationales, comme Michelin, sont également partenaires. «Nous annoncerons de nouveaux sponsors ces prochains jours», déclare Alejandro Agag. Qui insiste sur le fait qu’il prend tous les frais de l’organisation en charge: «Nous avons financé la pose du goudron sur le circuit, mais nous l’enlèverons ensuite pour remettre les rues en état, avec ses pavés.» Si certaines villes paient pour accueillir ce championnat, la course ne coûtera rien à Paris.

Les droits TV de la Formula E, vendus en France à Canal+, ne sont pas mirobolants. «Nous allons privilégier la visibilité et la diffusion sur des chaînes en clair, lance le patron du championnat. Nous aurions aimé que le Grand Prix de Paris soit diffusé sur D8, mais Canal+ n’a pas voulu.» Un message pour l’avenir.

Plus de courses, plus de constructeurs

Le futur de la Formula E, dont le championnat en est à sa deuxième édition, passera par l’ajout de nouvelles courses. Il y en a dix cette année (Pékin, Putrajaya, Punta del Este, Buenos Aires, Mexico, Long Beach, Paris, Berlin, Moscou et Londres). Le calendrier pourrait monter à 15. «Notre business plan est construit sur le long terme, mais nous devrions déjà être proches de l’équilibre financier cette saison», indique Alejandro Agag.

Le patron de la Formula E devra aussi séduire les constructeurs. Renault est le seul présent en F1 qui a également investi dans la formule électrique. DS, Volkswagen et bientôt Jaguar sont également dans le peloton. BMW, qui parie beaucoup sur les motorisations électriques, n’est que la voiture… ouvreuse. Dix écuries sont au départ. Le coût se situe de 6 à 8 millions d’euros par saison. Dans trois à quatre ans, quand les batteries permettront à une monoplace de faire une heure de course, contre une demi-heure aujourd’hui, le championnat accueillera d’autres marques. D’ici là, le Grand Prix de Paris aura sans doute fait beaucoup de bruit… positif.

En complément

Visa et DHL, des attentes différentes de la Formula-e

Partenaire titre du grand prix de Paris de Formula-e, Visa s’est associé avec la compétition pour son aspect technologique. L’établissement financier met en avant ses systèmes perfectionnés, et sécuritaires, de paiement sans contact. La discipline apporte à la marque une image de haute technologie. Et ce sport de vitesse convient bien à Visa, qui mise sur la rapidité de ses transactions. De son côté, DHL est un partenaire mondial de la Formula-e. Le transporteur, associé également avec la F1 et le Moto GP, démontre ainsi son savoir-faire. C’est son métier de base. Mais DHL veut aussi s’inscrire dans une politique environnementale en équipant sa flotte de véhicules électriques. L’entreprise devrait annoncer à l’occasion de la Formula-e son premier camion entièrement électrique. Dans un premier temps, il transportera les monoplaces, et ensuite, il s’occupera de notre courrier.

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