Du 13 mars au 11 août, le musée du Luxembourg propose Match : Design & Sport – une histoire tournée vers le futur, une exposition dédiée à l’histoire du design dans le sport à l’occasion des Jeux olympiques de Paris 2024.

L’exposition « Match : Design & Sport – une histoire tournée vers le futur » s’est installée au Musée du Luxembourg à Paris depuis le 13 mars. Organisée à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques 2024, elle retrace le rôle et le progrès du design dans le sport en montrant comment ces deux sont intimement liés. Au total, ce sont environ 150 objets comprenant des produits commerciaux, photographies, dessins, gravures, etc. qui sont exposés. Konstantin Grcic, commissaire et scénographe, et Nathalie Opris, designer, ont travaillé dessus pendant un an. « Nous voulions faire une juxtaposition en combinant plusieurs perspectives pour montrer comment le design contribue à rendre le sport plus inclusif », raconte Nathalie Opris.

La visite commence sur une première pièce qui met en avant l’idée qu’on se fait de l’athlète parfait. On y retrouve une statue du Discobole de Myron, considéré comme l’incarnation de la force, avec à sa droite des boîtes de protéines. Ce choix n’est pas anodin puisqu’il oppose l’image du sportif de la Grèce antique à celle des bodybuilders d’aujourd’hui. « L’esthétique a une importance dans la représentation des athlètes, ils ont cette image de super-héros », poursuit la scénographe. L’exposition ne se veut ni linéaire ni chronologique, en abordant les diverses phases d’évolution de ces thématiques principales que sont le sport et le design.

Dans son introduction de l’exposition, Konstantin Grcic écrit : « Le rôle que peut jouer le design dans le sport va bien au-delà de la forme, de l’aspect et du toucher de l’équipement. Le poids d’un ballon ou la réactivité d’un clavier définissent en réalité la vitesse d’un match. En ce sens, la technologie améliore les capacités humaines et en compense les éventuelles déficiences […] Comme l’affirme clairement la Charte olympique, “la pratique du sport est un droit de l’homme”. Ainsi, même si nous ignorons ce que sera l’avenir du design et du sport, une chose est certaine : il sera façonné par les sportifs d’aujourd’hui. »

Des représentations plus inclusives

Plusieurs événements ont marqué une transformation dans le design pour le rendre plus inclusif. D’abord dans les espaces qui accueillent les épreuves : du stade panathénaïque d’Athènes au stade édifié à Munich lors des Jeux olympiques de 1972 qui est un « exemple de démocratisation réussie » grâce à son toit flottant en plexiglas transparent qui symbolise son ouverture à la diversité des publics. Ce sera à Rio en 2016 qu’une nouvelle avancée sera faite avec le dévoilement du drapeau de la « Nation réfugiée », par l’artiste Yara Said, conçu pour rendre hommage à une équipe d’athlètes réfugiés participant aux épreuves olympiques.

Cette représentation se constate aussi par les pictogrammes des sports, qui ces soixante dernières années sont passés de représentations de sportifs masculins à des images plus inclusives prenant en compte les différences de genre, de religion et d’aptitude. Et dans le design, cette évolution est également marquée par le Jogbra, premier soutien-gorge de sport inventé par Lisa Lindahl, Hinda Miller et Polly Smith en 1977, qui a permis à de nombreuses femmes de performer dans de meilleures conditions. Bien que Match : Design & Sport fasse état du progrès effectué ces dernières années, l’exposition ne manque pas de montrer qu’il reste du chemin à faire avec les photographies de 2022 prises par Ebrahim Noroozi montrant des athlètes sportives afghanes. Dans un pays en conflit, elles vont à l’encontre des lois des talibans et pratiquent le football en restant anonyme grâce à la burqa.

Dans cette notion de progrès, il y a bien sûr la prise en compte des athlètes paralympiques puisque leur matériel et eux ne font qu’un. C’est d’ailleurs du côté du paralympisme que les évolutions sont les plus rapides. D’où son nom « une histoire tournée vers le futur » : l’exposition donne un aperçu sur l’avenir du design. On peut retrouver un appareil de bio impression qui permettra aux médecins de sport de reconstruire ou de réparer des tissus cartilagineux endommagés grâce à une impression 3D, ou encore une forme avancée d’intelligence artificielle avec l’apprentissage machine qui permet de calculer des données abstraites recueillies grâce à des capteurs ou caméras sur les terrains de jeux et sur le corps des athlètes.

L'IA en piste

Ce qui est sûr, c’est que les données et l’IA sont une voie pour le développement du design, ce qui est d’ailleurs la thématique de la fin de l’exposition avec des pièces comme la manette Xbox Adaptive (2018) qui permet à des joueurs handicapés de personnaliser facilement leur manette de jeu ; le Cybathlon qui fait s’affronter des équipes composées de développeurs de technologies issus d’universités, d’entreprises ou d’ONG et d’athlètes avec des handicaps ; ou encore le Speedgate qui est un nouveau sport créé par une IA qui s’est basée sur les descriptions de 400 sports existants dans le monde entier pour créer une discipline « axée sur l’accessibilité, l’apprentissage, le plaisir et le potentiel d’exercice ».

À la question « que pensez-vous que l’avenir du sport nous réserve ? », Konstantin Grcic répond dans un communiqué : « […] La façon dont nous participons à des sports tels que l’e-sport et dont nous vivons des expériences technologiques nous rapprocherons beaucoup plus du jeu. » « Match : Design & Sport – une histoire tournée vers le futur » est à retrouver jusqu’au 11 août au musée du Luxembourg.

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