Il y a quelques temps, nous parlions des objets connectés pour les amoureux et la semaine dernière de ceux qui leur permettent d'envisager une simulation sexuelle à distance. Assez logiquement donc, aujourd'hui, consacrons « Smart » à un bracelet intelligent pour... bébés.
Ce sujet, bien sûr, fascine autant qu'il effraie: un fantasme pour tous les parents à la recherche d'une information en temps réel, fiable, ne laissant aucune place à l'hésitation sur leur réaction éventuelle face à ce qui pourrait être un problème; mais c'est également la concentration de toutes nos peurs sur les ondes, les informations contradictoires, l'intrusion, la collecte non maîtrisée des données sur l'enfant, l'irritation de son épiderme au contact de l'objet.
Mais le fait est là: la recherche de quiétude l'emportera, et un bracelet connecté pour bébés, plus qu'une évidence prospective, est déjà une réalité. C'est la société Sproutling, dont Tech Crunch a annoncé la levée de fond de 2 millions de dollars en septembre, qui semble être la plus avancée sur le sujet.
Concrètement, il s'agit d'une sorte de petit «strap» qui enlace la cheville du tout jeune humain, et qui communique avec une application Smartphone. Trois points clairs définissent la philosophie de ce bracelet.
Le premier: les capteurs intégrés sont capables de collecter deux types de données. D'un côté, la température, les mouvements et le rythme cardiaque de l'enfant; de l'autre, des mesures sur son environnement direct: la température ambiante, l'humidité et le niveau de luminosité de la pièce.
La seconde préoccupation de Sproutling, c'est évidemment le fait que le module est en contact permanent avec le bambin et qu'il doit effectuer une très légère pression pour obtenir certaines mesures. Cela suppose donc un gros travail sur les matériaux et les simulations d'usage. L'entreprise déclare avoir très largement considéré ces aspects.
Enfin, le troisième point est relatif à la nature des informations qui seront délivrées sur l'application. Car, si le système est capable de collecter un grand nombre de données, les concepteurs de cet objet connecté ont, semble-t-il, fortement concentré leurs efforts sur un choix d'indicateurs, un système d'alerte et un mode éditorial qui prennent en compte la nature terriblement anxiogène du sujet.
Un exemple assez clair est donné par Chris Bruce, le patron du projet: «Les parents ont tous des opinions et nous ne sommes pas là pour leur dire quoi faire. Ainsi, si les capteurs détectent de nombreux réveils de l'enfant pendant la nuit, l'application se bornera à renseigner la courbe de sommeil et recommandera aux parents de coucher l'enfant 15 minutes plus tard le soir.»
Deux marchés s'offrent potentiellement à Sproutling: le monde hospitalier, mais il semble que les démarches légales auprès de l'instance de régulation américaine soient trop complexes pour la start-up; en revanche, la version grand public a reçu lesdites autorisations, et l'entreprise promet une mise sur le marché l'été prochain aux Etats-Unis.
Ce secteur est promis, à n'en pas douter, au même destin que les «fitness trackers»: une démocratisation ultrarapide qui provoquera une multiplication des acteurs. Quelle sera la première «grande marque» à lancer un produit comparable?