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Sur les téléviseurs «connectés», de multiples acteurs proposent déjà un large choix de programmes et de services aux premiers utilisateurs raccordés. De nouvelles offres qui intègrent les atouts du Web.

Dans les salons, les téléviseurs connectés à Internet remplacent progressivement les télés classiques. «On estime actuellement que 2,5 à 3 millions de foyers français possèdent une télévision connectable et la moitié sera équipée d'ici à trois ans, indique Stanislas Léridon, cofondateur et président de l'agence Dotscreen, productrice d'applications pour TV connectées. Mais ce n'est pas parce qu'on possède une télévision raccordable qu'on la connecte effectivement.»

 

Pourtant, cela vaut le coup. En se connectant (via un câble, le Wifi ou encore un boîtier), on accède aujourd'hui à une multitude de contenus: télévision de rattrapage (catch-up), vidéos à la demande (VOD), services personnalisés (météo, trafic, etc.), fiches contextuelles sur un film ou un match, vidéos et photos amateurs...

 

Un aperçu de l'hyperchoix proposé par les chaînes nationales, mais aussi par une multitude d'acteurs qui ont fait leur entrée sur le petit écran via le Web, comme les fournisseurs d'accès à Internet et Apple TV. La Google TV (et sa filiale You Tube) doit arriver en France en 2012 et le loueur de vidéo américain Netflix débarque en Europe: il vient de signer un accord avec la BBC pour proposer prochainement ses programmes en Grande-Bretagne et en Irlande.

 

La presse écrite s'y met aussi. Après Le Figaro, 20 Minutes va lancer au premier trimestre une application pour téléviseurs LG, Samsung, Toshiba et Philips qui «met en scène l'information produite par nos journalistes à travers des vidéos, des diaporamas sonores... tout en gardant l'écriture pragmatique, factuelle et riche de 20 Minutes», explique le responsable Web du journal gratuit, Antoine Clément. Les groupes Marie Claire ou Lagardère sont aussi sur les starting-blocks...

 

Pour l'instant, le public s'intéresse surtout aux contenus vidéo (You Tube, Dailymotion), aux services pratiques et à la télé de rattrapage, selon une étude publiée en décembre par CCM Benchmark et Dotscreen. Mais il voudrait davantage de fiches techniques sur les films et les séries (79%), pouvoir partager leur écran pour regarder la télévision tout en bénéficiant d'un service (59%), interagir avec une émission (49%) et échanger pendant le programme avec leur communauté (43%).

 

Laboratoires de télé enrichie

 

«Les nouvelles offres viennent en complément des chaînes de télévision nationales qui restent fédératrices», estime Stanislas Léridon, de Dotscreen. Les «historiques» ont, elles aussi, commencé à abattre leurs cartes. Pour affirmer leur «marque», qu'elles entendent exploiter au mieux, elles investissent massivement dans des productions de séries ou documentaires originaux. En interne, elles ont également constitué de petites équipes qui testent des applications directement inspirées des usages des internautes.

 

Mots d'ordre de ces laboratoires: rendre interactif, enrichir, personnaliser et géolocaliser des contenus qui ont aussi vocation à être visionnés sur tablettes et smartphones. Chaque chaîne invente, teste et mesure de nouvelles recettes en puisant dans les ingrédients maison.

 

Chez France Télévisions (FTV), une «Task Force» d'une dizaine de personnes a imaginé avec IBM une offre de programme «enrichi» de Roland-Garros, testé en 2011 sur les téléviseurs utilisant le standard européen HbbTV. De chaque côté du direct, on peut aller consulter les fiches des tennismen, les scores et les statistiques en temps réel de tous les matchs, les tableaux du tournoi... Depuis septembre, un portail hybride propose les JT réactualisés tout au long de la journée par les rédactions du groupe et accompagnés du bulletin météo et du guide des programmes.

 

Et une dizaine de projets sont dans les tuyaux. «Nous préparons une version enrichie de C dans l'air pour début 2012, avec des biographies des intervenants, des sondages en direct et la possibilité de voir l'émission en différé, ainsi qu'une application pour l'émission pour enfants Les Zouzous», indique Éric Scherer, directeur de la prospective et de la stratégie numérique de France Télévisions. 

 

«En tant que chaîne historique, nous pouvons financer la recherche et le développement transmédia, poursuit-il. Nous sommes forcés de tâtonner puisqu'il n'y a pas d'usage grand public: nous expérimentons plusieurs formules et nous verrons quelles sont les plus intéressantes.» Dans l'émission mensuelle Le Grand Webze (France 5), le groupe tente une émission de divertissement en direct, préparée grâce aux contributions des internautes et intégrant leurs réactions dans un «live-tweet».

 

«Télécommande sociale»

 

Ce concept de «social TV» est au cœur des derniers services testés par Florent Mascaro, responsable de conception et design à e-TF1. Le Tweet Replay associe les messages publiés sur Twitter au service de télévision de rattrapage de la chaîne.

 

«Nous avons voulu recréer la dynamique du direct sur le replay, explique Florent Mascaro. C'était un test technique, puisqu'il fallait à la fois faire des réglages sur l'aspect média social, "le live" et le "replay". L'association des tweets et de l'émission permet de reproduire ce qui se passe dans un salon. Pour la personne qui revoit l'émission, ce système sert de télécommande sociale.»

 

Le service a été testé lors de la finale de Danse avec les stars (10 000 tweets), Miss France (30 000 Tweets) et sera reconduit pour les NRJ Music Awards à la fin du mois, mais uniquement sur ordinateur pour l'instant. Pour les téléviseurs connectés Samsung, My TF1 propose six applications: sport, météo, info, VOD, événements et programmes.

 

De son côté, Arte parie sur une offre «très éditoriale, où l'on enrichit des œuvres par le Web». Sa directrice du développement Marie-Laure Lesage veut «proposer aux téléspectateurs qui adhèrent à nos valeurs de se promener dans l'univers d'Arte». Un bandeau propose un guide des programmes, le catch-up Arte+7 et Arte Live Web pour les spectacles en direct. Une dernière option renvoie actuellement vers le webdocumentaire Les Combattants de l'ombre, déclinaison d'une série documentaire diffusée sur Arte. Ce menu est accessible depuis cinq marques de téléviseurs en appuyant simplement sur un petit bouton rouge.

 

Un petit détail qui a son importance face à une offre bientôt titanesque. «L'enrichissement des services et des contenus passe tout d'abord par la création de nouveaux outils ou accessoires pour naviguer sur la télévision connectée», affirment les auteurs de l'étude CCM Benchmark-Dotscreen. Plusieurs outils sont à l'étude. On pourrait accéder aux contenus via une télécommande intégrant souris et clavier, un smartphone, une tablette tactile ou encore la voix... En attendant la pensée.

 

Encadré

 

La régulation en question 

 

Le CSA et l'Arcep sont les gendarmes de l'audiovisuel et des télécoms, mais qui a l'autorité quand les frontières se brouillent? Un rapport élaboré par Marc Tessier et Takis Candilis remis au gouvernement en novembre 2011 propose deux options. Soit confier l'ensemble des compétences de régulation de l'économie des réseaux en ligne à l'Arcep, soit mettre en place une réelle coopération entre les deux instances en précisant les fonctions de chacune ou en les faisant fusionner. Le texte demande aussi «l'interopérabilité des équipements» et des «standards ouverts» afin de favoriser l'engouement du public ainsi qu'une extension des droits des diffuseurs sur tous les supports.

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