«Choisir le talent de demain dans l'Internet français revient à tracer le parcours d'un enfant dans un magasin de bonbons: c'est la profusion qui complique tout. Même en écartant - déontologie oblige - les personnes avec qui l'on travaille, le sentiment de fendre la foule reste entier.
Il me semble pourtant assez évident de distinguer Michel Levy Provençal, Mikiane de son surnom. Il possède l'ensemble des qualités nécessaires pour laisser une empreinte dans un univers numérique en mutation permanente. Multiple, protéiforme, tantôt entrepreneur, tantôt homme de contenu, animé par le goût du risque mais non dénué de caractère, aimant les associations mais ne dédaignant pas les ruptures, visionnaire et soucieux de construire, cet ingénieur de trente-sept ans ressemble à tout sauf à un ingénieur. Étudiant des Beaux-Arts, spécialiste de l'image de synthèse et de la réalité augmentée, il produit dans une première vie des dessins et des peintures qu'il expose tout en créant un des premiers systèmes français de paiement en ligne, comme cofondateur d'une place de marché électronique (Anthium).
L'éclatement de la bulle l'amène du côté du journalisme: il fait partie des créateurs de Rue 89, un projet qu'il quitte en regrettant de ne pas avoir rempli la promesse d'innovation d'origine. On le retrouve ensuite à France 24, où il crée les Observateurs, le Lab, et reçoit un Webby Award en 2009. Souvenons-nous aussi des TED X français qu'il aide à organiser.
Aujourd'hui, avec son entreprise Joshfire, il peut revendiquer un vrai statut de pionnier des bouleversements à venir: la télévision connectée. Voilà au fond la qualité qui ne le quitte pas: être là où il faut, au bon moment. Si on veut le saluer de façon péjorative, on voit en lui un aventurier, ce qui n'est pas rien dans l'univers numérique. Mais c'est aussi un précurseur.»
