«Cahier des charges impossible: ne discerner qu'un seul talent alors qu'il y en a tant, et qui plus est “de moins de quarante ans” alors que tant de voix m'attirent qui ne jouent plus depuis longtemps au toboggan.
Choisir une voix du privé pour faire preuve d'œcuménisme? Mais le premier talent du privé n'est-il pas de savoir acheter ce que les radios publiques ont fait éclore? Assumer donc Radio France comme la plus belle des pépinières.
Ne pas choisir un journaliste. Il y en a tant pourtant en cette année d'actualité si folle et si profuse qui m'ont emmené d'un mot vibrer sur toutes les places des libertés. Mais un journaliste pour distinguer un autre journaliste? Pas raisonnable! Pas besoin d'alourdir nos procès en corporatisme.
C'est l'écoute du Mouv' qui m'a sauvé. Je sais, je n'ai plus l'âge d'écouter! 20-35 ans nous disent les cœurs de cible... Mais comment ne pas aller d'abord où se cherche le nouveau. La dame a 36 ans me dit-on. Tout va bien.
Nova l'accueillit où je ne l'entendis pas. Puis le Mouv', avec une première alerte l'an dernier aux côtés de Philippe Dana. Une voie légère, doucement acide. Pas de celles qui vous sautent à l'oreille comme une Pascale Clark voici longtemps dans les nuits d'Europe 1. Une voix qui a besoin d'un peu de temps pour vous prendre par la main, mais qui vous voit surpris de rester. Simplement parce qu'à l'entendre on est bien.
Patrice Blanc-Francard, autre talent prometteur, vient de lui confier le 7/9 du Mouv'. Enfin une femme pour conduire une matinale! C'est vif. C'est gai. C'est musical. C'est impertinent! Et bonheur suprême, ce n'est pas faussement d'jeuns!
Quand la patine des jours et la fatigue des petits matins lui auront retiré ce qu'elle a encore de «parler radio», vous vous direz, mais pourquoi ne l'ai-je pas remarqué plus tôt?
Amaelle Guiton, c'est sûr, est un talent de demain!»
