Les Français se prononcent majoritairement pour la suspension de la culture de la pomme de terre transgénique de BASF.

Malgré un nom angélique, elle sème la terreur ! La culture d'Amflora, une pomme de terre génétiquement modifiée par l’adjonction d'un gène marqueur de résistance aux antibiotiques, vient d'être autorisée par la Commission européenne. Cette pomme de terre sera employée comme matière première par l'industrie, mais aussi dans l'alimentation animale malgré les réticences de l'opinion publique européenne. Avec ce tubercule, la commercialisation de trois autres variétés transgéniques (trois variétés de maïs de Monsanto) a été autorisée.

 

Conçu par la firme allemande BASF, géant de l'industrie chimique, ce féculent transgénique intéresse les industriels car il produit plus d’amidon que les autres variétés. Très utile pour la fabrication de textiles, d'adhésifs ou de papier, il sert par exemple à réaliser les couvertures brillantes des magazines ou à retarder la prise de certains bétons. La Commission européenne et son président José Manuel Barroso soulignent que la pomme de terre génétiquement modifiée de BASF «contribue à optimiser le processus de production et à économiser des matières premières».

En dépit de tous ces atouts, la population n'a pas changé d'avis depuis un sondage Eurobaromètre publié en 2009, dans lequel 60% des Européens se déclaraient opposés aux plants OGM.

Suite à l'annonce par Bruxelles de l'autorisation d’Amflora, une enquête, publiée le 2 mars sur le site du Figaro, montre que les Français demeurent réfractaires aux cultures transgéniques. Ils estiment à 54% que l'Europe a agi contrairement à la volonté des consommateurs et 35% des sondés craignent que les légumes cultivés ne se retrouvent dans leur assiette.

Les syndicats agricoles et les ONG se mobilisent également contre le féroce tubercule. Selon eux, les OGM peuvent avoir des effets néfastes sur la biodiversité, l'agriculture, la santé animale et humaine. Ce qui inquiète? Le risque de dissémination dans l'environnement et le gène de résistance aux antibiotiques qui, s'il était transféré aux bactéries, nuirait à l'efficacité des médicaments actuels.

 

Certes, la décision de la Commission n'empêche pas chaque pays européen d'utiliser la clause de sauvegarde et de décider si ce nouvel OGM sera ou non cultivé à l'intérieur de ses frontières. En 2008, la France l’avait fait pour le fameux MON810 de Monsanto. La surface consacrée à la culture de cette variété de maïs, seul OGM autorisé dans l'Union européenne, a reculé de 11% de 2008 à 2009.

«La mission assignée aux agriculteurs est brouillée et fragile. On leur demande de la qualité et des prix bas d'un côté, et du rendement de l'autre, tout ça sans utiliser d'OGM, alors que la concurrence ne s'en prive pas», estime Alexis Volanov, directeur communication de crisechez Edelman, et qui a travaillé pour des industriels du secteur.

 

Proposée en premier lieu «aux pays qui sont d'ores et déjà prêts à l'utiliser» selon BASF, la pomme de terre Amflora a peu de chances de trouver dans l'Hexagone une terre d'accueil. De toute façon, les Français se prononcent très majoritairement (80,7% sur le site du DauphinéLibéré) en faveur de la suspension de la culture d'Amflora. Si les industriels semblent particulièrement bien armés en matière de lobbying, il leur reste à trouver la parade pour convaincre l'opinion.

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