«Nous sommes évalués sur la croissance de notre croissance.» A la tête d'E-TF1, Olivier Abecassis sait que sa filiale doit tenir ses promesses en tant que locomotive du groupe audiovisuel: «Depuis 2011, nous sommes bénéficiaires et, en 2012, nous avons réalisé 100 millions d'euros de chiffre d'affaires pour 18 millions de résultat net.» En 2013, E-TF1 devrait peser 9 à 10% du résultat net du groupe. La filiale digitale compte 170 salariés, répartis entre la technique, le marketing (études et mesures de l'audience) et l'éditorial. Son enjeu actuel: prendre une longueur d'avance sur les applications de second écran.
«Nous avons déployé notre application de second écran, Connect, pour tous nos programmes , en même temps que la première émission de The Voice, le 2 février dernier. Cela a été un test pour nous, explique Olivier Abecassis. Une des spécificités du digital tient à ce caractère évolutif: on définit les caractéristiques minimales, on lance le produit, puis on le fait évoluer en fonction des usages, grâce aux très nombreux indicateurs dont on dispose. Résultat: l'application de Secret Story, à l'antenne depuis le 7 juin, permet désormais à l'internaute de jongler entre les différentes briques – instant replay, gaming, conversation… –, contrairement à l'ancienne version.» Autre mission d'E-TF1: adapter sur le Web tous les programmes de la chaîne, mais aussi développer WAT, la plate-forme vidéo de la chaîne…
«Quand j'ai pris la tête de la filiale digitale, il y a quatre ans, nous perdions de l'argent. J'ai dû réduire la voilure et, dans le même temps, je suis allé chercher des nouveaux profils, ayant une expérience du marketing en ligne, à l'extérieur, chez AOL, Prisma, Allociné, etc.», explique Olivier Abecassis.
Supercalculateur
Dans l'entretien d'embauche, ce manager a d'ailleurs une question fétiche: «Qu'est-ce qui pourrait vous faire échouer?»«Je veux éviter les cas où le candidat n'a pas la même compréhension du poste que moi. Cela peut arriver dans le digital car les métiers sont moins bien définis», détaille-t-il.
A peine intégrés, les nouveaux venus comprennent vite que l'un des principaux enjeux du département est la rapidité: «Il faut être capable de mettre en œuvre nos idées avant que nos concurrents n'aient bougé. Du coup, les projets se succèdent à un rythme intense et mes collaborateurs doivent avoir le sentiment de courir des sprints en permanence», reconnaît Olivier Abecassis.
Une célérité qui sied au manager: «Il va lui-même extrêmement vite et il est donc très à l'aise dans cet écosystème à l'évolution ultrarapide, dit Stéphane Beillaud, qui a travaillé cinq années à E-TF1 avant de devenir directeur général d'Allociné. Olivier Abecassis, c'est une machine, un supercalculateur, ce qui peut lui donner aussi un côté un peu froid et distant. Parfois, il s'isole et on peut ne pas le voir pendant plusieurs jours car il planche seul sur des sujets.»
Son profil d'ingénieur et sa longue expérience en vidéo et en numérique lui permettent de maîtriser les sujets techniques dans le détail. «Il est précis et opérationnel car il connaît tous les rouages, note Stéphanie Boissin, directrice de WAT. Mais comme il a un fonctionnement très instinctif, avec une vision, c'est très efficace et cela peut dérouter…»
Son parcours en bref
1973. Naissance à Gennevilliers (Hauts-de-Seine).
1996. Diplômé de l'INT, devenu Telecom Paris, puis chef de projet pour le lancement de TPS.
2001. Responsable du développement à la direction technique de TF1.
2004. Directeur des nouvelles technologies de la DTMI (Direction des technologies et des moyens internes) de TF1.
2006. Fonde et devient directeur de la plate-forme vidéo WAT.
2010. Directeur général d'E-TF1.