Carte blanche
Les origines suisses de Tristan Macherel, directeur de la création de Landor, semblent l'emmener sans cesse vers le minimalisme et ceux qui le pratiquent au quotidien. « Less is more », comme dit l'expression...

1) Le noir. J’ai toujours été fasciné par le fait de pouvoir changer la perception du noir, d’être capable d’en faire sortir de la lumière. Pierre Soulages a d'ailleurs fait un choix courageux avec ses Outrenoirs en ne suivant pas ses pairs dans l’abstraction. On peut voir son œuvre différemment en fonction de l’angle avec lequel on la regarde, c’est une œuvre vivante. À travers le noir, il extirpe un nombre de possibilités infini, ce n’est pas triste, c’est fascinant. Il y a une sorte de pureté dans son œuvre, dans la simplicité de ses compositions, qui fait que chaque geste devient nécessaire. Le côté obsessionnel qu’il a du noir est un truc que j'éprouve aussi. Je ne suis jamais en vacances d’idées, j’ai la tête toujours en ébullition.



2) Le minimalisme. C’est probablement dû à mes origines suisses, mais pour moi, la beauté est toujours associée au minimalisme. J’aime l’idée du presque rien. D’ailleurs j’aime ne presque rien faire, avoir juste un livre, écouter simplement de la musique, sans rien d’autre. J’aime me concentrer sur un élément, la simplicité, l’élémentarité. L’absence d’élément est aussi importante que leur présence. Il y a un problème dans nos métiers, c’est que nous cherchons toujours à en mettre trop, mais tout choix est un renoncement. C’est aussi comme ça que j’appréhende ma vie personnelle, en essayant de sortir de la société de consommation et en me demandant : «Est-ce que j’en ai vraiment besoin ?»



3) Richard Serra. L’installation permanente Est-ouest / Ouest-est qu’a faite Richard Serra et qui se compose de quatre plaques d'acier de 15 mètres de haut au milieu du désert du Qatar est, selon moi, idéale. On a envie qu’elle ne soit ni plus petite ni plus grande. C’est un seul élément posé dans le désert et c’est le rien qu’il y a autour qui donne de la force à l’œuvre. Il y a une double lecture : de profil et de face. Je trouve ça fascinant parce que le rectangle est la forme la plus simple au monde.



4) Josef Müller-Brockmann. Josef Müller-Brockmann a créé le logo de la SBB CFF FFS, qui sont les chemins de fer suisses. C’est un logo extrêmement simple, qui a été conçu il y a trente ans et qui est toujours d'une grande modernité parce que ce n’est pas gratuit, le sigle parle de lui-même avec la notion de la Suisse et du déplacement dans le même temps. Pas besoin d’explication. C’est très simple. Ce sont les fioritures qui font que les choses vieillissent, là où la simplicité ne se démode jamais. On s’en rend compte en regardant nos archives, les choses compliquées vieillissent mal…

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.