Tribune
Clés dans l'activité des agences, les freelances doivent pouvoir s’inscrire dans une logique de co-working, ce qui implique de les traiter avec la même considération que ses propres collaborateurs.

La plupart des agences, grandes comme petites, ont souvent recours à des freelances. Cette ressource additionnelle ponctuelle est souvent clé pour absorber des pics d’activité ou répondre aux délais de plus en plus courts des marques. Cette dimension très éphémère de la collaboration est pourtant un modèle amené à évoluer de manière profonde. La digitalisation de notre monde a ouvert de nouvelles perspectives de partage, d’échanges, de connexions. Certains univers s’en sont emparés très rapidement, en particulier les informaticiens via des plateformes d’open source. Les agences qui ne l’ont pas encore fait y viendront.

La richesse d’une agence ne doit plus en effet uniquement tenir à ses ressources propres, mais à sa capacité à rester dans l’échange, la connexion, l’enrichissement, avec d’autres experts, d’autres profils, d’autres expériences. A ce titre, les freelances doivent être considérés non comme une ressource ponctuelle mais comme une source d’enrichissement précieuse. Travailler un bon réseau de freelances, ce n’est pas uniquement suppléer ses équipes, mais accroître leur valeur ajoutée, et ce, au profit de la marque, du client.

Exigence dans le recrutement

Une telle approche nécessite cependant de l’exigence, en particulier dans le recrutement. Garantir à ses clients cette valeur ajoutée, c’est prendre le temps de tester un consultant, une team. C’est aussi élargir cette logique de co-working à des champs qui dépassent très largement celui de la création, car l’agilité d’une agence tient désormais en sa capacité à proposer aux marques les expertises les plus avancées et les plus pointues du marché sur chaque domaine. Experts digitaux, e-commerce, distribution, réalisateurs, photographes, 3Distes, motion designer, street artistes…, tous les champs de compétences sont concernés.

S’inscrire dans une logique de co-working implique nécessairement d’appréhender les freelances comme des collaborateurs extérieurs, et non comme de simples prestataires, ce qui implique de les traiter avec la même considération que ses propres collaborateurs. Respect financier tout d’abord, en les rémunérant avec équité et surtout en les payant systématiquement en temps et en heure. Respect humain, en leur donnant un temps de travail cohérent avec la difficulté d’un sujet. Les freelances ont aussi des familles et des week-end ; les respecter, c’est ne pas leur demander ce que nous ne demanderions pas à nos collaborateurs.

Respect professionnel

Cela implique enfin un respect professionnel, en prenant le temps de mobiliser les managers pour s’associer aux internes, en leur faisant un retour précis et honnête sur leurs idées, en leur montrant le travail réalisé au final, en n’oubliant pas de les féliciter chaleureusement quand ils ont participé activement à la qualité d’une campagne, ou encore en les associant à l’équipe lors des prix décrochés par l’agence, quand ils ont eu une part active sur ces dossiers.

Le co-working, c’est également amener chaque freelance à travailler avec l’agence et non pour l’agence. Cela implique une exigence extrême sur la réflexion faite en amont, sur la qualité des briefs délivrés aux freelances, mais également une forte capacité d’écoute, d’ouverture, d’enrichissement et de confiance en l’autre. Là réside le secret de ce co-working: ne jamais se positionner en tant que juge, même si l’on tranchera au final, mais donner à chaque intervenant expert l’envie et la chance de pousser ses idées, ses visions, en étant certains d’être entendu. Car au fond, n'est-ce pas ici tout simplement les bases d’une vraie gestion des ressources humaines, freelances ou pas?

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