Les Windsor ajustent leur communication suite aux spéculations sur la santé de Kate Middleton, optant pour la transparence et l’authenticité face aux réseaux sociaux.

Fini la politique du secret ? La famille royale britannique, dépassée par un emballement des conspirations autour de la disparition de la princesse Kate de la vie publique, a été forcée de bouleverser sa communication pour l’adapter aux réseaux sociaux.

Vendredi, après deux mois de quasi-silence de son entourage, la princesse Kate a finalement fait une allocution télévisée pré-enregistrée où elle a annoncé qu’elle souffrait d’un cancer.

« C’est sans précédent de faire une annonce personnelle à la télévision » pour un problème de santé de la famille royale, remarque Nick Couldry, professeur de sociologie des médias et de communication à la London School of Economics. « Il ne fait aucun doute que les spéculations sans fin » autour de la santé de la princesse ont été déterminantes dans la décision de diffuser ce message personnel, ajoute-t-il, interrogé par l’AFP.

Pour Michelle Lawless, directrice exécutive des services à l’agence de communication Media Minefield, « cette situation montre que l’équipe de communication du Palais » de Kensington, la résidence officielle du prince William et de son épouse Kate, travaillait « avec une stratégie éculée ».

« Pendant des décennies, peut-être des siècles, la communication du Palais a suivi le même mantra : "ne jamais se plaindre, ne jamais expliquer". Ça marchait quand les gens obtenaient leurs informations des médias et de journalistes professionnels. Ça ne marche vraiment pas à l’ère des réseaux sociaux », insiste-t-elle, dans un entretien à l’AFP.

Devoir d’authenticité

Par le passé, la famille royale a gardé le secret sur les problèmes de santé des monarques, y compris celui du roi George VI décédé d’un cancer du poumon en 1952, ce qui a précipité l’accession au trône de la reine Elizabeth II.

L’état de santé de cette dernière est resté un mystère jusqu’à sa mort, en 2022, de « vieillesse », selon son certificat de décès rendu public. En janvier, Kensington Palace s’était contenté de dire que la princesse Kate serait en convalescence plusieurs semaines après une mystérieuse opération abdominale.

L’absence du prince William à une importante commémoration pour « raisons personnelles » n’a fait qu’alimenter le moulin à rumeurs. Une photo de la princesse et ses enfants diffusée sur son compte X pour la fête des Mères au Royaume-Uni le 10 mars, destinée à rassurer sur son état de santé, a encore aggravé les choses, quand il a été avéré qu’elle avait été manipulée.

« Je comprends le désir de voir sa vie privée respectée, particulièrement lorsqu’il s’agit d’un problème de santé, mais à ne rien dire en pensant que ça va passer tout seul, c’est le contraire qui se produit », constate Michelle Lawless. A contrario, le palais de Buckingham a pris le parti d’annoncer dans un communiqué de presse en février que le roi Charles souffrait d’un cancer - sans toutefois dire lequel. Il a ainsi fait preuve d’une transparence inédite pour un monarque britannique, et « sa situation (a été) traitée très différemment » dans les médias et en ligne, observe-t-elle.

Pour Nick Couldry, au-delà même de la montée en force des réseaux sociaux, le fait pour les Windsor d’avoir été forcés de passer à une communication plus transparente s’inscrit « dans une tendance plus longue […], le besoin pour les institutions comme la royauté mais aussi pour les personnalités politiques de révéler plus de leur vie personnelle ».

« Vous devez vous montrer plus authentiques pour être légitimes et pour obtenir la confiance des gens », conclut-il. « Nous vivons dans une société où nous voulons pouvoir nous identifier aux célébrités », remarque Michelle Lawless.

La princesse Kate et le roi Charles, en parlant des épreuves de santé qui les touchent, ont ainsi su montrer leur vulnérabilité, leur humanité, faisant taire une partie du moulin à rumeurs.