Auditionnée par la commission d'enquête sur les fréquences TNT, la ministre de la Culture assure ne pas avoir échangé avec le milliardaire, avant ou après sa nomination, au sujet des chaînes du groupe Canal+ qu'il contrôle.

Longuement interrogée jeudi 21 mars par un député LFI sur ses éventuels liens avec le milliardaire Vincent Bolloré, la ministre de la Culture Rachida Dati a récusé toute « collusion » et affirmé qu'elle n'était « pas la ministre d'un clan ou d'une idéologie ». Elle était auditionnée sous serment par la commission d'enquête sur les fréquences TNT.

Le ton est monté avec son rapporteur, l'insoumis Aurélien Saintoul, qui lui a d'abord demandé si elle menait une « croisade » contre le wokisme - elle avait qualifié ce mouvement de « politique de censure », début février sur CNews-Europe 1, deux médias contrôlés par Vincent Bolloré. « Vos propos vont trop loin. On n'est plus dans un cadre républicain », a répondu au député Rachida Dati.

Puis Aurélien Saintoul l'a questionnée sur un possible lien entre la rencontre en septembre d'Emmanuel Macron et Vincent Bolloré, et sa nomination rue de Valois. « Ca devient très personnel. Ce sont des questions qui soupçonnent des choses. (...) La croisade, les attaques, les collusions ou autres, je ne suis pas là pour répondre à ça... Vous mettez en cause ma légitimité, ma capacité, ma compétence ? Je serais l'objet d'un contrat entre deux hommes ? », s'est élevée la ministre.

Rachida Dati a assuré n'avoir pas échangé avec Vincent Bolloré, avant ou après sa nomination, au sujet des chaînes du groupe Canal+ dans le giron du milliardaire, et dont les autorisations doivent être renouvelées pour 2025. « Je laisse le processus se dérouler en toute indépendance », sous l'égide de l'Arcom, le régulateur des médias, a-t-elle insisté. Et de marteler : « Je ne vois pas en quoi je serais concernée par ces attributions ».

Pas de commentaire sur les propos de sa prédécesseure

Sa prédécesseure Rima Abdul Malak avait rappelé la possibilité pour l'Arcom de ne pas reconduire les fréquences de CNews et C8, régulièrement épinglées par l'Arcom pour non-respect de leurs obligations. Rachida Dati n'a pas souhaité commenter ces propos, et n'a pas échangé avec l'ex-titulaire du portefeuille : « Quand je suis arrivée au ministère, je n'avais même pas de "dossier ministre" ni de papier sur le bureau ».

Niant vouloir mettre en cause la « légitimité » de la ministre, Aurélien Saintoul est revenu plus tard à la charge, demandant à Rachida Dati si Emmanuel Macron ou Gabriel Attal lui avaient demandé de préserver les autorisations TNT liées à Vincent Bolloré. « C'est une commission d'enquête contre M. Bolloré ? », a rétorqué Mme Dati. « Je n'ai eu aucune demande formulée par qui que ce soit pour favoriser qui que ce soit », a-t-elle déclaré, estimant que le parlementaire la soupçonnait d'une « infraction pénale ».

De façon plus générale, la ministre a considéré qu'il est « vital que des gros industriels puissent être propriétaires de médias » et que « la loi garantit l'indépendance aux journalistes ». « L'intérêt économique de l'entreprise ne doit pas compromettre cette indépendance », a-t-elle ajouté, à l'heure où un autre milliardaire, Rodolphe Saadé, s'apprête à racheter Altice Media qui comprend BFMTV et RMC.

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