L’homme qui a contribué à faire de Télé Loisirs la première marque de presse sur le numérique prend la tête de Diverto, le magazine télé de la PQR. Thierry Masclot entend développer l’écosystème du magazine le plus diffusé en France.

Thierry Masclot reçoit dans le bureau qu’occupait Antoine Daccord quinze jours plus tôt, dans les locaux de 366, la régie de la PQR. Après avoir lancé Diverto, l’hebdo le plus vendu de France (3,14 millions d’exemplaires en diffusion France payée), ce dernier a démissionné car il devait prendre la direction de la Croix. Thierry Masclot arbore un costume très cintré, une chemise blanche ajustée et des derbies fuselés à long bout carré. Une tenue armure qu’il ne quittait pas, déjà, lorsqu’il dirigeait à 35 ans le pôle télé de Prisma Media. Il a fait de Télé Loisirs le média champion du numérique, en misant sur la vidéo. « En 2011 (quand il en est devenu rédacteur en chef ndlr), deux personnes s’occupaient du site qui ne proposait qu’une grille de programmes. Dix ans plus tard [quand il est parti de Prisma Media], y étaient publiées plus de 100 news par jour, tandis que 100 millions de vidéos y étaient visionnées chaque mois », lâche-t-il factuel comme il aime l’être et se raconter.

De son enfance à Martigues, Thierry Masclot garde un léger accent qui pointe lorsqu’il se détend en pratiquant un humour incisif. L’enfant, avide de connaissances et qui peut déjà dévorer deux films par jour, veut être journaliste. « Il est très cultivé et possède une belle vivacité d’esprit », concède une ancienne collègue. Après une maîtrise d’histoire et une autre d’économie, direction le magistère en information d’Aix-en-Provence. En parallèle, il est correspondant pour La Provence pendant un an et grenouille tant qu’il peut dans l’agence avant d’être en stage à Sud Ouest, à Bordeaux en 2001 lorsque les tours du World Trade Center s’effondrent. « Cela reste un moment marquant de ma vie professionnelle ».

En 2002, Thierry Masclot est reçu à l’Académie Prisma Presse, qui recrute huit futures plumes. Ses camarades rêvent de Capital ou Geo. Il choisit Télé Loisirs, le seul journal familial avec la PQR sur la table basse. « La presse populaire demande beaucoup de rigueur, se doit de proposer de la qualité et de tirer le lecteur vers le haut », assure-t-il. Un témoin se souvient : « Dès son arrivée, il était brillant et ses papiers étaient impeccables, respectant le contradictoire avec tous les interlocuteurs pertinents. Il n’y avait rien à changer ».

Ses managers flairent sa capacité de travail et sa loyauté. En trois ans, il devient chef de service puis, à 33 ans, rédacteur en chef. « J’ai rapidement eu envie d’avoir des responsabilités dans les médias pour avoir un impact fort sur les contenus et le business et maîtriser une entité », reconnaît Thierry Masclot. En 2015, il copilote la création de la newsroom, soit la réunion des 100 salariés des rédactions de TV Grandes Chaînes, Télé 2 Semaines et Télé Loisirs. La cellule produit du contenu pour les trois titres, qui deviendront pendant quelques semaines cinq quand on lui demande de lancer deux nouveaux quinzomadaires au sortir d’un éprouvant confinement.

Défi industriel

Certains le sentent essoré et, effectivement, il jette l’éponge après dix-sept ans de Prisma Media : « J’avais 43 ans. J’ai pris une clause de cession car j’avais envie de me lancer dans l’entreprenariat ». Passionné d’œnologie, Thierry Masclot « apporte [son] expertise de transformation digitale dans le monde du vin et ses interprofessions ». Un premier cabinet en recrutement l’identifie pour diriger L’Essentiel, newsletter gratuite d’information locale présente à Bordeaux, Marseille. Il ouvre des bureaux à Lyon, Lille, Nantes, Strasbourg avant qu’un second cabinet ne le chasse pour diriger Diverto. « Je me sens 100 % à ma place dans une presse populaire et régionale », explique-t-il. Son ambition ? « La première saison de Diverto a consisté à créer et sortir le journal, c’était un défi industriel. La deuxième sera marquée par le déploiement d’un écosystème digital avec des podcasts, de la vidéo, et le développement de partenariats pour gagner en notoriété », détaille Thierry Masclot.

Parler business l’enthousiasme. Parler de lui le gène. « Il est assez maladroit dans les relations humaines », assure un ancien de Prisma. La clé se trouve à la fin de l’entretien. Lorsqu’on l’interroge sur la fierté de ses parents de voir leur fils diriger le magazine familial. « Ils sont assez taiseux. On n’échange pas beaucoup sur ses sentiments dans ma famille », avoue-t-il. Son père, désormais à la retraite, était agent de maîtrise dans une usine de pétrochimie et sa mère, au foyer, a été femme de ménage quand les fins de mois l’exigeaient « Je n’ai pas de doute sur le fait qu’ils sont fiers, reprend-il. Ils avaient comme objectif premier que leurs enfants sortent de leur milieu social grâce à l’ascenseur social. J’ai vu leur joie quand ma sœur aînée est devenue professeure des écoles ». Mission accomplie.

Parcours

2003. Journaliste au Nouvel économiste.

2004-2021. Journaliste puis rédacteur en chef de Télé Loisirs puis de la newsroom de Prisma Media.

2022. Fondateur de Beaumenière Vin.

2023. Directeur des rédactions de la newsletter L’Essentiel.

Depuis le 15 février 2024. Directeur exécutif de Diverto.

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