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Après avoir discuté avec Warner, Orange a finalement décidé de s’entendre avec Canal+ sur la cession d’OCS. Les scénarios tricolores de l’après-cession.

« La marque, ses employés et ses obligations sont préservées », confirme une source au sein d'Orange après la signature d’un protocole d’accord, le 9 janvier, avec le groupe Canal+ au sujet d’OCS et d’Orange Studio, qui comptent respectivement 54 et 25 salariés. Après deux ans de discussions, la nouvelle directrice générale d’Orange Christel Heydemann est donc parvenue à finaliser cette cession en s’entendant avec la filiale de Vivendi sur les conditions de reprise. En échange de ces garanties, Orange a accepté de prendre à sa charge les flux financiers négatifs de l’entité pour près de 100 millions d’euros : de quoi permettre à Canal+ de faire face aux pertes d’OCS, qui se chiffrent « entre 400 et 500 millions d’euros » depuis sa création selon Les Echos, des minimums garantis étant consentis sur trois ou quatre ans.

Il faut dire que la situation déficitaire d’OCS, aux 3 millions d’abonnés, risque de s’aggraver. « Sans le contrat HBO, depuis le 1er janvier, avec ses 64 séries en catalogue et en nouveautés [The Walking Dead, Les Soprano, Game of Thrones…], le taux de résiliation peut s’accélérer, estime Pascal Lechevallier, délégué général du Syndicat des éditeurs de vidéo à la demande [Sevad], il y a un risque d’évaporation des abonnés ».

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OCS peut néanmoins compter sur ses productions propres en cinéma et en séries (Septième Ciel, par exemple, dès le 19 janvier), grâce à Orange Studio qui cumule plus de 200 coproductions et 1800 œuvres audiovisuelles et cinéma dont les films oscarisés The Artist ou The Father. Canal+ s’est engagé à pérenniser les obligations de préfinancement de la création - 20 millions d’euros annuels sur trois ans – qui s’ajouteront aux 190 millions de Canal+ et Ciné+. Un tel catalogue a une valeur indiscutable dans la perspective d’un développement international, OCS lui permettant par ailleurs d’approcher son objectif de 30 millions d’abonnés dans le monde (24 millions aujourd’hui).

L’accord demeure néanmoins soumis à l’Autorité de la concurrence, et la procédure devrait prendre plusieurs mois, voire un an. Philippe Bailly, président de NPA Conseil, ne voit pas d'obstacle majeur à cette reprise. Il souligne que l’obligation pour les plateformes de consacrer 20% de leur chiffre d’affaires en France à la création d’expression française (décret Smad du 23 juin 2021) affaiblit l’idée d’une hyperconcentration dans le financement du cinéma français. « Il y a désormais plusieurs guichets », relève-t-il, alors que le marché en aval des consommateurs bénéficie lui aussi de la diversité des services du fait de l’essor de la SVOD.

Reste la question de HBO qui devrait lancer en France en 2024 sa propre plateforme Max. En attendant, son catalogue va-t-il rester en souffrance ? OCS profite pour l’heure des « droits de jouissance paisible » avec des premières et deuxièmes fenêtres de diffusion assez longues, ce qui lui permet d’avoir encore Game of Thrones ou la saison 3 de Succession.

Mais quid de la saison 4 et de tout le patrimoine passé et à venir de HBO  ? Canal+, principal distributeur d’OCS, n'est pas parvenu à s'entendre avec Warner France sur le renouvellement de l'accord de distribution au profit des abonnés de la plateforme d'Orange, dont près de la moitié des souscripteurs sont des abonnés Canal. Le 12 janvier, Warner.bros Discovery a indiqué qu'un accord avait été signé avec Amazon pour permettre aux séries de HBO d'intégrer l'offre de Prime Video. Un « Pass Warner » apportera même les chaînes TV du groupe qui ont quitté Canal+, faute d'accord de diffusion (CNN, Cartoon Network, Warner TV, Boomerang, TCM Cinema, Boing, Toonami).

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