Ne comparez pas Johan Weisz-Myara et Franck Annese. Certes, le fondateur du site Street Press et celui du groupe So Press sont tous deux diplômés de l’Essec et incarnent, chacun à leur échelle, une success story de la presse indépendante en France. Mais le rapprochement s’arrête là. « Nos histoires sont parallèles. C’est important que les médias ne vivent pas en microcosme, qu’il y ait une diversité de médias d’engagement », insiste Johan Weisz-Myara.
Un journal potache
Fils d’un agent immobilier et d’une mère cadre à la mairie de Paris, l’entrepreneur-journaliste, âgé de 36 ans, découvre la presse dès le lycée. Il est alors scolarisé au lycée Montaigne, dans le 6e arrondissement de Paris et, avec la photocopieuse de l’agence immobilière de son père, il imprime le journal du bahut, qu’il nomme, potache, Space Montaigne. Il écrit ensuite dans le journal d’une association, fait des flashs pour Judaïques FM, pige pour le site Proche-Orient.info, entre autres. « J’ai été marqué par le fait que les gens sur le terrain ne me faisaient pas confiance pour raconter ce qu’ils vivaient. C’est comme ça que j’ai eu envie d’inventer un média plus ouvert, qui trouve des solutions pour recréer la confiance entre les médias et les citoyens », se remémore-t-il.
Street Press et Street School
C’est ainsi qu’il crée Street Press en 2009, un média en ligne engagé à destination des 20-30 ans. Les conférences de rédaction sont alors ouvertes aux lecteurs, ils peuvent proposer leurs sujets et être accompagnés dans leur enquête par des journalistes de la rédaction. Cette démarche dure deux ans, avant d’être remplacée en 2012 par la Street School, une formation de quatre mois au journalisme citoyen en banlieue. « Street Press s’est construit dans une logique d’ouverture, qui s’exprime à travers plein de modalités qu’on teste », raconte Johan Weisz-Myara.
Fabrique de houmous
Dernier pari en date, le changement de modèle économique de Street Press, aujourd’hui à 80 % sur le brand content et que le jeune patron veut emmener vers celui du « membership », en faisant appel au soutien financier de la communauté. « Nous devons convaincre nos lecteurs de nous soutenir financièrement, sans pour autant devenir un média payant. L’une des missions de Street Press : défendre des contenus de qualité accessibles à tous », rappelle celui qui emploie 7 salariés. Près de 250 personnes ont répondu présentes, sur un objectif de 2 000 supporters d’ici la fin de l’année, 4 000 fin 2020.
Et quand il a besoin de couper, Johan Weisz-Myara s’est trouvé un refuge insolite : à quelques mètres de la rédaction installée à Montreuil, il s’est confectionné un atelier de fabrication de houmous qu’il vend ensuite sur son vélo triporteur lors de festivals. Une ouverture de plus sur l’extérieur.
Parcours
Avril 1983. Naissance à Paris.
2008. Diplômé de l’Essec.
2009. Crée Street Press.
2017. Lancement des docs vidéo Street Press sur YouTube.
Avril 2019. Bascule du modèle de Street Press vers celui du «membership».