En 2017, -4,1% de chiffre d'affaires pour Lagardère active, à 872 millions euros, -7,5% pour Mondadori France, à 297,4 millions d'euros... Alors que ces deux groupes envisagent de céder une partie de leurs activités print, tous les regards se tournent vers le très discret Reworld Media qui affiche des résultats insolents : un chiffre d'affaires consolidé de 185,6 millions (+7 %), un ebitda de 7,5 millions d'euros (+72 %) et un résultat d'exploitation multiplié par 3,4. Son président, Pascal Chevalier, n'est-il pas devenu un familier du rachat de marques print (Auto Moto, Marie France, Be, Télé Magazine) ? Alors que les médias le présentent comme un acheteur sérieux pour Mondadori France ou la presse de Lagardère, il se refuse au moindre commentaire sur ces cessions.
Une chose est sûre, l'homme a su diversifier son entreprise : le print représente 47,6 millions d'euros contre 121,7 pour Tradedoubler, spécialisée dans le marketing digital à la performance. Depuis qu'il a cocréé il y a cinq ans Reworld Media, il digitalise les journaux qu'il rachète, quitte à ne plus les imprimer comme Be et Pariscope. Son groupe de 489 collaborateurs dont 200 en France conjugue marque média, pub, diversifications et internationalisation. Avec un tropisme pour le digital qui représente 74 % du chiffre d'affaires « Le marché du digital est à +20 %, nous à +57 %. Celui du print à -10 %. Nous a -1 % » sourit-il dans son bureau de Boulogne-Billancourt.
Un marché « génial »
En revanche, le dirigeant croit au dynamisme de l'écosystème « Le marché des médias se porte très bien, il est même génial pour ceux qui veulent bien le voir. Mais il est porté par le digital, qui évolue très vite. C'est un marché pour initiés et technophiles » confie le concurrent de Webedia. Ça tombe bien pour cet entrepreneur formé à l'Epita et à l'IAE Paris (MBA) : « Dans les médias, les problèmes surviennent surtout quand l'actionnaire et les dirigeants n'ont pas les mêmes stratégies. Nous sommes côtés en bourse et le management détient 35 % de notre capital. Nous n'avons pas de conviction autre que de choper la croissance, de comprendre de nos erreurs. Penser print et digital, c'est de l'ancien monde. Aujourd'hui, l'annonceur veut du transversal : data, digital, mobile, print. Il achète dans une logique de performance et veut une offre globale. Et nous fournissons de l'info sur les médias où va le public ». Ainsi le groupe a dopé son secteur vidéo avec 5000 productions par an. « Les journalistes d'Auto Moto écrivent moins et font plus de vidéos. Mais ils continuent à produire du contenu de qualité et surtout ils ont gardé leur passion ».
Ses ambitions assumées pour 2018 ? Élargir son portefeuille de secteurs, aujourd'hui constitué par les segments déco, télé, sport et féminin. Gérer à 100 % en interne les inventaires publicitaires digitaux. Mais aussi supprimer le format interstitiel pour adopter la solution full-stack pour les inventaires mobile et vidéo. Et s'afficher comme le premier groupe à engendrer des affichages de site web différents selon les pubs diffusées pour coller aux différentes résolutions d'écran. Et ajouter quelques marques média à son catalogue ? Réponse dans quelques semaines ou mois...