Data
Une cinquantaine d'entreprises européennes du monde de la presse, des télécoms et d'internet ont dénoncé ce mercredi 7 mars un texte européen en préparation sur les données personnelles, estimant qu'il ne ferait que renforcer la maîtrise des géants américains sur ces informations.

Les dispositions du règlement européen «e-privacy», actuellement en discussion à Bruxelles, «en l'état n'offriront pas une protection efficace» de la confidentialité des données personnelles mais «renforceront les positions des acteurs dominants de l'économie de la donnée», écrivent ces entreprises dans une lettre ouverte.

Ces dispositions «menaceront le développement des start-up et des entreprises innovantes européennes, de la publicité en ligne, des opérateurs télécoms (...) et porteront atteinte au rôle essentiel de la presse et des médias dans la vie démocratique européenne», selon le texte.

Le projet «e-privacy», qui vise à protéger la vie privée des internautes, a été adopté par le Parlement européen mais est encore en cours de discussion entre les gouvernements de l'Union européenne à Bruxelles.

Le projet prévoit que chaque internaute dans l'UE pourrait décider une fois pour toutes d'accepter ou non les «cookies», ces fichiers invisibles qui se greffent sur un ordinateur pour capter des données personnelles, au lieu de prendre sa décision site par site comme c'est le cas actuellement.

Les internautes qui choisiraient cette option se rendraient ainsi invisibles des sites qu'ils visitent, privant ceux-ci de précieuses informations personnelles valorisées grâce à la publicité, et en en particulier la publicité ciblée.

Les navigateurs ou interfaces détenues par les grands acteurs technologiques comme Google, Facebook et Apple resteraient dans ce cas les seuls à pouvoir accéder aux données de ces internautes, à qui ils pourraient continuer d'imposer leurs conditions d'utilisation, du fait de leur position incontournable.

«Il y aura les petits qui auront très peu de données et le droit de ne rien faire»

Les principales organisations professionnelles de la presse écrite française (SPQN, UPREG, SEPM, FNPS et SPHR) notamment alertent depuis plusieurs mois sur les dangers que représenterait pour elles la suppression des "cookies".

Elles sont rejointes cette fois-ci par des organisations professionnelles de la presse européennes, comme le Conseil des éditeurs européens (European publishers council), qui fédère les médias européens, ou la fédération de la presse magazine européenne (European magazine media association).

Et elles sont rejointes également par d'autres acteurs d'internet comme l'opérateur Orange, la "pépite française" de ciblage publicitaire Criteo, le groupe allemand de vente en ligne Zalando, ou des organisations professionnelles européennes de start-ups comme France Digitale ou l'allemande Deutsche startups.

Avec le règlement e-privacy, «on risque de laisser un monopole complet à quelques acteurs, qui de toutes les façons arriveront à capter la donnée», a déclaré à l'AFP Jean-David Chamboredon, co-président de France Digitale.

Sur le marché des sites internet, «il y aura les petits qui auront très peu de données et le droit de ne rien faire» en matière de publicité ciblée, «et des gros qui auront toute la donnée pourront tout faire», a-t-il affirmé. Google et Facebook jouissent déjà une «position écrasante» sur le marché de la publicité en ligne, a relevé mardi l'Autorité de la concurrence française, qui a décidé d'approfondir son examen du marché avant d'engager une éventuelle enquête contentieuse.

Selon l'Observatoire français de l'e-pub, Google et Facebook ont capté l'essentiel (92%) de la croissance de la publicité numérique en France en 2017.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.

Lire aussi :