Un groupe de presse qui s'essaie à l'incubation, ou plus exactement à l'«accompagnement» de start-up: une première en France. Et peut-être une tendance naissante. Vendredi 14 septembre, le groupe Express-Roularta donnait le coup d'envoi de L'Express Ventures, projet dévoilé par stratégies.fr le 18 juillet.
Le groupe a fondé pour cela une société par actions simplifiée (SAS), au capital initial non dévoilé, dont il détient 58% des parts. Quatre entrepreneurs du Net y participent: Stéphane Boukris (ex-Rentabiliweb, Faismesdevoirs.com…), Simon Istolainen (My Major Company, People for Cinema), Eric Bennephtali (Mediastay) et Laurent Schwartz (Gold.fr).
Concrètement, un comité de pilotage passera au crible les différents projets soumis sur un site ad hoc. «Nous retiendrons une dizaine de projets de start-up en amorçage par an», précise Corinne Denis, directrice générale adjointe du groupe de presse. Soit des structures plutôt en phase de lancement, dans des secteurs autour du Web et de l'innovation (mobile, e-commerce, «data», publicité…).
La question de la levée de fonds
Mais Corinne Denis confirme que son groupe ne mettra pas au pot: «Nous visons, à moyen terme, des prises de participation minoritaires, de 12% maximum, et nous accompagnerons les start-up trois ans maximum.» Est évoqué «une valorisation»de ces jeunes pousses dans les outils de promotion (salons, pages de publicités dans les magazines, etc). Les entrepreneurs, eux, proposeront «de l'accompagnement, du mentorat [épaulement d'un débutant par un mentor] et d'ouvrir [leurs] carnets d'adresses», ajoute Stéphane Boukris. Grâce à cette visibilité, il s'agit aussi de lever des fonds ailleurs, y compris auprès de sociétés d'investissements dont certains sont proches: «Une start-up en amorçage peut espérer lever en moyenne 150 000 euros», détaille Simon Istolainen, lui-même proche de fonds tels que Kima Ventures (Xavier Niel) et Dot.Corp (des frères Rosenblum, cofondateurs de Pixmania).
Avec L'Express Ventures, le groupe médias aspire des innovations à peu de frais, alors qu'il est dans une situation économique délicate, le plan de départs de L'Expansion est toujours en cours. «Cela permet d'attirer des start-up, de leur donner une visibilité médiatique, sans débourser beaucoup», commente un journaliste du groupe. Sans doute les prémices d'une tendance: outre-Atlantique, Philadelphia Media Network, éditeur de The Inquirer, a ouvert son incubateur Project Liberty, tout comme Turner Broadcasting (CNN) a lancé en juin le Media Camp.
