C'est avec une certain émoi que l'état-major de TF1 a entendu Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, déclarer jeudi 29 septembre au cours de l'enregistrement de l'émission Médiasphère, qui sera diffusée vendredi 30 septembre sur LCI, que «le payant est essentiel à la télévision» et que «ce serait un très mauvais signal de passer LCI en gratuit».
Pour le groupe TF1, ces propos représentent une surprise d'autant plus grande que les dirigeants de la Une tablaient jusqu'à présent sur un appui du gouvernement à leur projet de basculer la chaîne d'information sur la télévision numérique terrestre gratuite. Une demande a été soumise en ce sens cet été au Conseil supérieur de l'audiovisuel.
LCI, dont le contrat d'exclusivité avec Canalsat arrive à échéance fin 2011, va voir disparaître une redevance de 15 millions d'euros au 1er janvier. Le groupe Canal+ propose de remplacer ce contrat par un accord de distribution non exclusif qui intégrerait 5 millions d'euros de redevance de Canalsat, à compléter avec la manne des autres opérateurs de télévision payante (Free, Numericable, Orange, SFR, Bouygues Telecom, etc.) et en profitant d'un effet de levier sur les recettes publicitaires, lié à une meilleure exposition de la chaîne.
Perplexité générale
Cette offre, rappelée par Bertrand Meheut dans Le Monde daté du 28 septembre, a-t-elle convaincu Frédéric Mitterrand, qui semble considérer que le marché de la télévision payante pourrait être fragilisé par une arrivée de LCI en gratuit? Le ministre s'exprime-t-il à titre personnel pour peser sur un arbitrage à venir ou traduit-il une position arrêtée du gouvernement? Dans les couloirs de LCI, où Eric Revel, directeur de la rédaction, s'est empressé de répercuter la nouvelle à Nonce Paolini, PDG de TF1, la perplexité était en tout cas très grande jeudi après-midi. «J'ai fait un arrêt sur image sur ta tête interloquée» confiait le réalisateur à Julien Arnaud, le présentateur, à la sortie de son émission où Stratégies était convié.