L'Agence France Presse devra répondre des accusations de vol de photos lors d'une prochaine audience au tribunal de New York, attendue au printemps prochain. Quelques mois après le séisme du 12 janvier 2010 en Haïti, Daniel Morel, un photographe professionnel, a porté plainte en avril de la même année contre l'AFP. Diffusée via Twitpic et son compte Twitter, dont les conditions de droits d'auteur ont été renforcée quelques semaines après le séisme, les clichés repris par l'AFP n'ont jamais été rétribués par l'agence.
« Nous ne sommes pas des voleurs d'images, notre devoir est d'informer rapidement », soutient à Stratégies Marielle Eudes, chef du service photo à l'AFP. Pour sa défense, l'agence de presse affirme avoir tenté de joindre l'auteur des clichés « avant, pendant et après l'évènement », sans succès. Convaincue de son bon droit, l'AFP a même déposée plainte, le 26 mars 2010 contre le photographe haïtien, pour «diffamation commerciale ».
L'agence indique qu'une tentative de solution à l'amiable a déjà échouée. Contactés par Stratégies, Daniel Morel et Barbara Hoffman, son avocate à New York, n'ont pas souhaité s'exprimer. Le photographe, qui a finalement signé un contrat de diffusion avec l'agence Corbis, demanderait « une somme exorbitante » selon l'AFP, environ 120.000 euros pour chaque utilisation non-autorisée de ses photos.
Autre argument, les « zones grises » dans la réglementation du site de microblogging. « Les conditions de Twitter ne sont pas claires, les autorisations peuvent être interpréter différemment », relève Marielle Eudes. Un guide interne sur la réglementation relative aux réseaux sociaux devrait d'ailleurs être diffusé aux salariés, courant 2011.
Getty Images, CBS, ABC et Turner Broadcasting System sont également mis au banc des accusés pour avoir utilisé les photos sans autorisation. Face au flou légal sur un secteur en perpétuel changement, le cas de l'AFP pourrait faire jurisprudence.