Audiovisuel
L’homme d’affaires Fabrice Larue, propriétaire de Telfrance, prend le contrôle de l’agence audiovisuelle Capa. Il devrait l’aider à prendre son essor numérique.

En 2008, Fabrice Larue confiait qu'il disposait de 400 millions d'euros pour se développer dans la production et sur Internet. Après le rachat du producteur de Plus belle la vie, Telfrance, en avril 2008, puis l'acquisition de Be Aware de Sébastien Cauet en juillet 2009, c'est au tour de l'agence Capa de tomber dans son escarcelle, pour un montant resté secret.

«Le prix est convenable, mais ce n'était pas la valorisation le plus important», lâche Hervé Chabalier, 64 ans, fondateur de l'entreprise. Ce dernier conserve 17,5% du capital aux côtés de Canal+ (12%) et d'une trentaine de cadres de l'entreprise (10,5%), Fabrice Larue prenant le contrôle de 60% de la société via sa Financière XVI.

Les deux hommes évoquent l'un et l'autre «une belle rencontre». Hervé Chabalier l'entrepreneur journaliste a séduit l'investisseur par sa capacité à réinventer un avenir à sa société forte de 45 millions d'euros de chiffre d'affaires, de 130 salariés, et légèrement rentable. «Nous partageons les mêmes valeurs de professionnalisme, de crédibilité et de passion dans la création», estime Fabrice Larue.

L'ancien patron des médias de LVMH (La Tribune, Investir, Radio classique) est un autodidacte développeur qui est apparu «très sain» à l'ancien Prix Albert Londres. «Il n'a pas oublié d'où il vient et il a compris que l'intéressement réel est un plus pour l'entreprise», souligne Hervé Chabalier.

Au passage, le patron de Capa glisse qu'il a écarté des fonds de pension et des groupes audiovisuels: «Les premiers exercent une trop forte pression sur la dette, sachant que 80% des résultats vont à son remboursement, alors que les seconds risquaient de banaliser Capa en le passant dans les rouages d'une grosse machine.»

Être présent sur les quatre écrans

Qu'apportera Fabrice Larue à Capa et ses cinq filiales (presse, entreprise, drama, cinéma, numérique)? L'homme d'affaires explique qu'il a pour habitude de laisser les coudées franches aux patrons des sociétés qu'il acquiert. Des synergies peuvent s'opérer avec ses autres filiales de production, notamment dans la recherche et développement, les studios et la postproduction.

Mais c'est surtout dans le numérique que l'appui de Fabrice Larue devrait se révéler déterminant. «Si Hervé Chabalier veut faire des acquisitions dans ce domaine, nous serons là pour le booster», indique-t-il. L'intéressé confirme qu'il souhaiterait mettre la main sur une agence interactive qui apporterait à sa société un développement décisif sur les «quatre écrans»: «La particularité du numérique, c'est que les nouvelles technologies influencent et orientent la création», observe Hervé Chabalier.

En attendant, Capa sera, selon l'expression de son acquéreur, «comme le drapeau américain, une étoile de plus sur une même bannière». Hervé Chabalier restera deux ans à la tête de son groupe avant de passer la main à un successeur et de prendre la tête d'un comité stratégique.

Christophe Nobileau sera dans ce laps de temps un directeur général de transition. Quant à Julien Kouchner, le fils du ministre, recruté début 2008 comme directeur général de Capa, il rejoint Fabrice Larue pour assurer une mission transversale sur le numérique.

L'homme d'affaires indique qu'il va maintenant faire une pause dans ses acquisitions: «Nous allons nous renforcer dans le développement de formats et la recherche de nouveaux talents. J'y consacre 50% de mon temps. » Hervé Chabalier, lui, se dit intéressé par la création d'un feuilleton quotidien. «Et j'ai plein de projets de sitcoms. Le tout, c'est que ce ne soit pas débile…»

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