Brut bientôt adossé à un groupe média international ? Des discussions sont en cours, selon nos informations, pour cette start-up qui a l’ambition de devenir « une marque mondiale de l’info », comme dit Roger Coste, son cofondateur avec Renaud Le Van Kim et Guillaume Lacroix. Fort de 150 millions de vidéos vues en septembre, le jeune média vidéo est en train de pulvériser ses objectifs en audience près d’un an après son lancement. Il vise pas moins d’un milliard de vues par mois à la fin 2018. Et compte déjà une quarantaine de collaborateurs après un développement en France, aux États-Unis et en Inde. Prochaines étapes : l’Allemagne et les pays hispanophones. Sans oublier le développement des thématiques Sport ou Nature. Sur la seule partie France, la start-up serait déjà presque à l’équilibre grâce à un partenariat éditorial et publicitaire avec France Télévisions, la production en marque blanche ou du native advertising sur des entreprises ayant une histoire à raconter. « On refuse la communication commerciale, souligne Roger Coste devant les étudiants de l’EFJ, le 28 septembre... Soit la marque s’adapte à notre aspect social, sociétal, soit on ne fait pas ».
Propos éditorial «progressiste».
Brut se veut un média social qui engage la conversation. 75 % des gens qui regardent ses vidéos ont moins de 35 ans. « On disait que les jeunes adultes, pourtant mieux formés que leurs parents, plus ouverts sur le monde, ne s’intéressaient pas à l’info », raille Roger Coste. Sous l’œil de Laurent Lucas, le producteur du Petit Journal, le média connaît très vite de très gros succès d’audience (15 millions de vues pour Bernie Sanders). Le secret ? Le format carré de la vidéo (30 % de visibilité en plus), un propos éditorial « progressiste », venant en défense des minorités ou de la parité, et une chute qui incite à partager. « Nous avons 600 000 followers sur Facebook et le plus gros taux d’engagement de Facebook France », observe Roger Coste « Ce qu’on privilégie, c’est l’engagement avec le bon pas de côté : intelligent, pertinent et si possible drôle, avec une dimension mondiale ».
Avec très peu de tournage en propre, les vidéos doivent leur succès au montage à partir d’images libres de droit. L’éditeur ne craint pas d’attendre 24 heures avant de rebondir sur une déclaration, ne diffuse sur les réseaux sociaux que six vidéos sur dix. Il s’est même mis au direct en recrutant Rémy Buisine, ex-Nuit Debout, pour des Facebook Live qui font « souvent mieux que le quart d’heure moyen d’une chaîne d’info ».
Salariés raconteurs d'histoires.
De quoi faire école ? Le projet Looper de Bernard Mourad, Johan Hufnagel et Gusieppe de Martino dit emprunter davantage à NowThis, AJ+ ou Vox aux États-Unis. « L’idée est de faire des choses différentes pour chaque support, Instagram, YouTube, Facebook, indique ce dernier, pas de l’actu par le petit bout de la lorgnette mais du décryptage, de l’explication avec des vidéos pouvant aller jusqu’à dix minutes ». Loin du pre-roll, le modèle économique repose là aussi sur le brand content, le native ad, le sponsoring ou les dons. La cible ? Les thumbennials, la génération du pouce, soit quelques millions de fidèles dès la première année. Une douzaine de salariés-raconteurs d’histoires pourront personnaliser leur info en montrant leur visage dès le lancement. Au plus tard début 2018.