Ce sont deux détails. Mais deux symboles. Exit l’astrologie et le jeu d’Europe 1, qui vampirisaient l’antenne matinale. Fin du mirage. Place à l’info. La nouvelle équipe de direction d'Europe 1, débauchée de Radio France par Arnaud Lagardère, s’est fixé un cap. «Recréer un collectif fort et s’assurer de l’adhésion de tous en interne», insiste le vice-PDG Frédéric Schlesinger (ex-numéro 2 de Radio France et ex-directeur de France Inter). Avec l’envie de pacifier les relations entre la rédaction et les programmes, jusque-là, frères ennemis.
Reconquête
Ce hussard du changement reçoit dans son bureau, sous la tutelle de Che Guevara et de Charles de Gaulle, affichés sur le mur. Il refuse de critiquer ses prédécesseurs, préférant définir son objectif: «Faire d’Europe 1 la radio qui dresse le portrait de son époque. Une radio conçue à la fois pour comprendre l’actu, les grands phénomènes politiques, économiques et sociaux, mais aussi pour apprendre, se divertir et mieux se comprendre». Il la veut «intelligente, drôle, solidaire». Son plan stratégique s'inscrit sur trois ans. Il veut regagner le million d’auditeurs perdus en deux ans. Et tirera un bilan d’audience en juin 2018. Naufragée à 7,1% d’audience cumulée, la station vise une vitesse de croisière autour de 9% d'ici 2020.
«Le plus gros risque aurait été de ne rien changer» tranche Frédéric Schlesinger qui avoue avoir proposé, dès son arrivée à Europe 1, une grande tranche d’info à Thomas Sotto, qui n’a pas démérité. Trop tard…
Partenaires de jeu
A l’antenne, place à 70% de nouveautés. L'équipe d’anciens de France Inter : Patrick Cohen, Hélène Jouan, Pascale Clark; mais surtout d'ex de Canal+: Philippe Vandel, Daphné Bürki, Ariel Wizman, Thomas Thouroude rejoignent les perles d’Europe 1 : Julie, Maxime Switek, Isabelle Quenin, Christophe Hondelatte et Frédéric Taddéï. «Cette grille ne coûte pas un centime de plus que la saison dernière».
Preuve que la tête de proue, Patrick Cohen, n’a pas commis de hold-up. «J’essaie de bien faire mon métier» tempère ce dernier qui souhaite «une matinale accueillante qui apprenne des choses, génératrice d’intérêt et de curiosité, avec des moments de légèreté et dont on ressorte heureux». Il assure rester le même «avec d’autres partenaires de jeu et une culture de l’actu différente: beaucoup de réactivité sur Europe 1, un peu plus de recul sur France Inter. Je me sens très proche de la façon dont les choses sont faites ici», rétorque-t-il à ceux qui l’imaginent né sur le service public où il a passé 8 ans, contre 13 ans à RTL et déjà 2 ans sur Europe 1.
Echos
«Par l’animation, le rythme, la durée des JT et de l’interview politique et le peu de tunnels publicitaires, on se croyait sur la matinale de France Inter, reconnaît Philippe Nouchi, directeur expertise média chez Publicis Média. Seule la dernière demi-heure culturelle copie un peu RTL avec des choix plus exigeants». Les annonceurs reviendront-ils? Avec une audience qui ne peut que progresser et une grille ambitieuse et cohérente, sûrement. En deux ans, Europe 1 a perdu 28% en quart d’heure moyen sur les Responsables des achats de moins de 60 ans et 29% sur les CSP+. La révolution s'imposait.