Presse
Le groupe SFR sort des magazines imprimés, hors actualité, pour se concentrer sur la distribution numérique de la presse. Avec plus de 100 000 téléchargements par jour, il va proposer aux éditeurs de vendre leurs titres sur SFR Presse.

Le 6 juin, Alain Weill, directeur général de SFR Media, avait estimé «pas plus mal» pour les entreprises de presse de se passer du papier. S’il avait ensuite clarifié que son groupe n’avait «aucun plan d’arrêt des journaux de SFR Presse», la vente d’une douzaine de titres spécialisés (Mieux Vivre à Valmonde, Maisons Côté à François Dieulesaint, Studio Ciné Live à Première…) témoigne d’une volonté de sortir de l’imprimé, à l’exception des journaux généralistes Libération et L’Express.

Un gain pour l'opérateur

S’il est un domaine où SFR reste bien présent, en revanche, c’est dans la distribution de la presse. «Nous sommes extrêmement surpris et heureux des résultats que nous avons», souligne Olivier Kouvarakis, directeur produits et services, chargé de SFR Presse. Après un démarrage, en mai 2016, à 20 000 téléchargements par jour sur dix-sept titres, le kiosque numérique est passé à 40 000 avec une soixantaine de titres à la fin 2016 et à plus de 100 000 aujourd’hui, avec quatre-vingt-un titres répertoriés. Dont Le Figaro, Le Parisien, Paris Match, Le JDD et L’Equipe, qui a rejoint l’application en mai dernier et qui constitue déjà son record de consultations.

Etienne Gernelle, le patron du Point, est parti en guerre contre cette «machine à tuer la presse». Selon Olivier Kouvarakis, la cannibalisation n’est «pas significative et très difficile à mesurer». Le Figaro, arrivé en mars, a constaté 5 000 à 6 000 exemplaires numériques ouverts sans que le titre n’en souffre sur ses acheteurs ou ses abonnés au site.

Pour l’opérateur, le gain est évident: SFR Presse permet de réserver un taux de TVA réduit (2,1% au lieu de 20%) à ses forfaits sur les 19,90 euros de la facture. Cela apporte une économie de 18 à 30 millions d’euros par mois, a calculé Le Monde, en s’appuyant sur une étude de JP Morgan Cazenove.  En retour, le reversement aux journaux, à raison de plusieurs dizaines de centimes par copie, ne dépasserait pas les 2 millions d’euros par mois. De quoi améliorer la rentabilité des forfaits d’abonnement.

La data, un levier à travailler

SFR Presse permet ainsi de fidéliser les abonnés. Pour Olivier Kouvarakis «il faut développer l’usage car il crée de la fidélité». Avant la fin de l’année, SFR Presse lancera un service payant qui permettra à un éditeur de vendre son titre à un certain tarif. En dépit de la data récupérée et qui reste «un levier non exploité qu’il va falloir travailler», la priorité n’a pas été mise dans la publicité ciblée. «Entre 1 à 2 euros de publicité et des gens qui restent un an de plus avec un abonnement à 30 ou 40 euros par mois, c’est incomparable», note-t-il.

Face à Bouygues Telecom, qui s’est lancé le 29 mai avec Le Kiosk, et Orange, qui a signé un accord avec Toutabo pour proposer en octobre une offre presse, la maîtrise de la data est clé. Non seulement pour pousser des contenus de façon géociblée ou en fonction de centres d’intérêt, mais aussi pour fournir à l’éditeur des informations sur les articles les plus lus ou lui permettre de vendre des services transactionnels. «On ne suit pas la même route, conclut le dirigeant. Nous ne proposons pas 800 titres sur l’étagère, nous nouons des partenariats. Les éditeurs ont le sentiment de garder la main sur leur distribution.»

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