Droits TV
La chaîne de sport du groupe Altice acquiert l’intégralité des matchs des deux coupes d’Europe de football: la Ligue des champions et la Ligue Europa. C’est Be In Sports et Canal+ qui diffusaient les compétitions.

SFR Sport a raté les droits de la Formule 1, restés sur Canal+. La chaîne de sport du groupe Altice a pris sa revanche avec la Ligue des champions. Ce jeudi 11 mai au matin, le groupe de Patrick Drahi a annoncé l’acquisition des droits de la prestigieuse Coupe d’Europe ainsi que de la Ligue Europa, la seconde compétition européenne des clubs organisées par l’UEFA. L’accord exclusif porte sur trois saisons, de juillet 2018 à l’été 2021. L’Equipe avance le montant, très élevé, de 370 millions d’euros par an. Un coût qui n’a pas été démenti par la direction du groupe.

La chaîne, opérée par Next Radio TV et plus particulièrement RMC Sport, décroche ce fabuleux contrat au nez et à la barbe des deux diffuseurs actuels, Be In Sports et Canal+ qui, jusqu’alors, payaient conjointement 160 millions annuels, rapporte Le Monde. Le montant des droits a donc plus que doublé. La finale de la Ligue des champions sera diffusée par une chaîne en clair. C’est C8 (groupe Canal) qui détient ce contrat jusqu’en juin 2018. Ce pourrait être Numéro 23 dans l’avenir, chaîne de la TNT opérée par Next Radio TV qui détient 39% du capital.

Accord pour les chaînes payantes et gratuites

Lors d’un point presse, jeudi après-midi, Michel Combes, directeur général d’Altice, a précisé que dès l’été 2018 et pour chaque saison l’intégralité des 137 matchs de la Ligue des Champions sera diffusée en direct sur les quatre flux de SFR Sport. A cela s’ajoutent «un peu plus d’une centaine de matchs» de l’Europa Ligue, sur les 205 prévus, et la Super Coupe qui oppose les vainqueurs des deux compétitions continentales.

L’accord porte sur tous les supports audiovisuels, c’est-à-dire la télévision payante et gratuite. Ainsi, toutes les chaînes du groupe pourront profiter des images des compétitions, notamment les chaînes info BFM TV et BFM Sport. Par ailleurs, rien n’interdit Altice de proposer un ou plusieurs matchs sur une chaîne gratuite, peut-être Numéro 23. Celle-ci pourrait ainsi programmer, comme W9 actuellement, un match d’Europa Ligue par journée de compétition.

Le cadre comprend aussi internet, la radio (même si le paiement de droits radio est interdit sur le territoire français) et l’OTT. C’est justement par cette voie, qui permet de diffuser une chaîne via internet en s’exonérant ainsi des box des opérateurs, qu’Altice compte se développer en proposant des offres aux non-abonnés SFR. Une application est déjà disponible pour les mobiles Android et Apple ainsi que pour les box internet à brancher sur les téléviseurs (Apple TV, Chromecast, box Android…). Le groupe annonce de prochains accords avec les constructeurs de téléviseurs connectés, comme Samsung ou LG.

La Ligue 1 après?

«Nous changeons clairement de dimension, a indiqué Michel Combes. Cette acquisition montre l’engagement de SFR dans les contenus et notre stragie de convergence entre les télécoms et les contenus. SFR a quitté son seul rôle d’opérateur télécom. Nous révolutionnons le paysage du sport et devenons un acteur majeur du football». Le groupe avait annoncé entre 350 et 400 millions d’euros d’investissement dans les contenus en 2017. Un montant qui pourrait donc pratiquement doubler en 2018.

Lancée il y a un an, SFR Sport a construit sa première offre grâce au championnat anglais de football, la Premier League, un contrat pris déjà à l’époque à Canal+. Depuis, la chaîne de sport a étoffé son offre en réunissant la quasi-totalité des droits du basket-ball et de l’athlétisme. SFR Sport visait d’autres contrats majeurs, notamment la F1, qui lui a échappé. Cette opération déstabilise également ses deux concurrents, Canal+ et Be In Sports.

La prochaine bataille des droits TV sera celle du championnat de France. Le contrat actuel, détenu par Canal+ et Be In Sports arrive à échéance en juin 2020. Il pourrait être relancé avant la fin de l’année. Toutefois, le niveau des montants engagés est encore plus astronomique: actuellement près de 730 millions d’euros par an au cumul. «C’est très élevé», reconnaissait Michel Combes (article mis à jour).

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