Presse
L’affaire Panama Paper a mis en exergue le travail des journalistes sur les données. Les datas sont une nouvelle source d’inspiration pour la presse, mais celle-ci doit savoir les analyser et les pouvoir les mettre en forme pour une lecture plus facile par les lecteurs et téléspectateurs.

ICIJ, quatre lettres qui résonnent avec les Panama Papers. L’International Consortium of Investigative Journalists est à l’origine de l’affaire. Cette structure de journalistes mondiaux a coordonné l’enquête initiée par les allemands de Süddeutsche Zeitung. L’ICIJ a également mis en avant le «data journalism», c’est-à-dire l’exploitation par la presse d’énormes quantités de données. Une nouvelle manière de faire du journalisme.

«Panama Papers, c’était 11 millions de fichiers à exploiter, rappelle Cécile Schilis-Gallego, membre de l’ICIJ et qui a participé à l’enquête internationale. Au-delà de la coordination des différentes équipes de journalistes, la difficulté a été de transformer ces datas en informations.» Invitée par le Sunny Side of the Doc, à La Rochelle, la journaliste a expliqué le travail des médias internationaux. «Nous ne pouvions ni montrer des PDF ni filmer les acteurs de l’affaire à cette période car les faits se sont déroulés il y a deux ou trois ans, poursuit-elle. Les journalistes télé ont donc préféré montrer les réelles victimes de ces opérations et les dommages collatéraux, plus faciles à illustrer.»

La première difficulté est la bonne analyse des datas par des journalistes, qui ne peuvent pas être calés dans tous les domaines. «Il faut savoir s’entourer des bons experts», indique Cécile Schilis-Gallego. «Il faut aussi vérifier les sources et bien extraire celles dont on a besoin», ajoute Chris Roper, qui a créé un réseau de data-journalistes en Afrique. «Nous sommes là pour aider les journalistes africains et leur donner les bons outils pour leur travail», précise-t-il.

Un analyste n'est pas un journaliste

Devant la masse d’informations, le journaliste peut quand même se transformer en analyste. «Toutefois, si un analyste présente seulement les faits et les chiffres, un journaliste apporte, lui, un point de vue et suit une intuition», rétorque Sophia Synodinos aux Nouvelles écritures à France Télévisions et responsable du programme Data Gueule. «Avec les chiffres, on cherche une histoire et après on réfléchit à comment la raconter», explique-t-elle.

Au Sunny Side of the Doc, les data journalistes expliquent surtout que l’information passe mieux avec un dessin. «Pour un documentaire qui repose sur l’exploitation de données, le travail du journaliste débute en amont avec le réalisateur, précise Fabrice Biancho, directeur de la production à l’INA. Il faut voir comment illustrer au mieux les données, et pas seulement avec des graphiques ou du Motion Design.» Car c’est là le combat des journalistes des données: ils se battent pour que leurs investigations ne se résument pas à une accumulation de chiffres ou d’histogrammes.

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