L’enseigne Franprix, avec ses 1 200 magasins situés majoritairement en région parisienne, est engagée dans la transition écologique à travers notamment la décarbonation des transports. Explications avec Pauline Bondu, sa responsable RSE. Un article également disponible en version audio.

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Quelle est la stratégie RSE de Franprix ?

Pauline Bondu. Celle-ci date de 2016 et n’a pas varié depuis. Elle s’appuie sur trois axes : agir contre l’exclusion sociale, agir pour le climat et agir pour le mieux manger. Je commence par le premier pilier car il correspond à la spécificité de Franprix, qui est une enseigne de proximité située à 90% à Paris et en Île-de-France, avec des services spécifiques selon les quartiers. Pour lutter contre l’exclusion sociale, nous avons noué des partenariats avec des chantiers d’insertion comme Emmaüs Défi pour accompagner des salariés dans le retour à l’emploi. Nous avons mis en place l’arrondi en caisse il y a dix ans en soutien à des associations de lutte contre l’exclusion et les violences faites aux femmes. Nous organisons également des collectes solidaires cinq fois par an que l’on abonde de 50kg de marchandises et la collecte des banques alimentaires. 

Pour le climat, le gros axe est la lutte contre le gaspillage alimentaire dont un tiers a lieu chez le consommateur. Nous ne vendons pas de gros volumes comme les hypermarchés, cependant nous incitons nos clients à n’acheter que ce dont ils ont besoin en proposant les bons assortiments. Nos directeurs de magasin utilisent le RAO (réapprovisionnement automatique par ordinateur), un outil qui permet de piloter les commandes en fonction des meilleures ventes et de la saisonnalité. Les équipes font un gros travail pour mettre en avant les produits à DLC (date limite de consommation) courte avec une étiquette -30 %. Nous proposons des paniers anti-gaspi de fruits et légumes abîmés et de viennoiseries de la veille – nous en avons vendu plus de 73 000 en 2023. Une soixantaine de nos magasins disposent de corners anti-gaspi identifiés par une PLV spéciale, avec des prix attractifs dans un contexte d’inflation.

On travaille également avec les plateformes Too Good to Go et Phénix, qui proposent des paniers d’invendus de façon régulière en partenariat avec la moitié de nos magasins environ. 427 000 paniers ont été vendus en 2023, en augmentation de 23% par rapport à l'année précédente. En dernier recours, une fois toutes ces actions menées, nous faisons des dons aux associations. Cela représente 1 695 tonnes de produits donnés en 2023. 

Restent vos actions pour le bien manger, qui sont aussi en lien avec le climat.

En effet, nous limitons la viande bovine en proposant de plus en plus de produits alternatifs aux protéines animales. Pendant le « veganuary », le mois de janvier végétarien, nous avons proposé des réductions en magasin et des idées de recettes sur ces produits. Nous avons organisé des webinaires en interne pour sensibiliser les salariés à l’impact environnemental de l’alimentation. C’est la responsabilité de Franprix de proposer une offre végétale accessible et attractive.

Nous mettons en avant la marque Transition, qui accompagne la conversion des agriculteurs en bio, déjà présente dans 177 magasins. Depuis septembre 2021, nous avons converti 349 000 m2 auprès de 60 agriculteurs, soit l’équivalent de 279 piscines olympiques. Nous voulons encore augmenter le nombre de références et de magasins. Pour les fruits et légumes, nous avons des partenariats avec des producteurs d’Île-de-France, de l’Oise et d’Eure-et-Loir pour réduire les transports. Nous nous approvisionnons au maximum à 100 km de Paris.

Que représentent les transports dans votre bilan carbone ?

C’est le plus gros poste en termes d’émissions de gaz à effet de serre. D’ici 2030, nous avons l’objectif de réduire de 42% nos émissions sur les scopes 1 et 2, qui regroupent les transports et la consommation d’énergie des magasins et des entrepôts, et de 27% sur le scope 3, qui représente les émissions de nos producteurs et de nos consommateurs. Contrairement à une usine, chez un distributeur, le plus gros impact carbone se situe sur les scopes 1 et 2. Nous disposons de nos propres camions, dont 60% sur 90 sont à alimentation bas carbone, biogaz, biocarburant au colza (B100) ou électrique. Nous avons encore 16 camions diesel, mais notre objectif pour 2024 est d’avoir une flotte 100% bas carbone et d’atteindre huit camions électriques, contre trois actuellement. Nous sommes en cours d’installation d’une soixantaine de bornes électriques au niveau d’un entrepôt.

Nous utilisons aussi le transport fluvial depuis 2012. 300 magasins sont livrés par la Seine, ce qui représente chaque année 420 000 km de routes évités, soit 3 600 camions et 82 000 litres de carburants en moins, et -20% de CO2 par rapport à un transport routier classique. Il reste encore 23 camions pour les derniers kilomètres affrétés par un partenaire, mais en 2030 il n’y aura plus de camions diesel sur cette partie. 

Comment réduire la consommation d’énergie dans les magasins ?

C’est tout un travail de sensibilisation des équipes pour promouvoir les écogestes au quotidien : par exemple, éteindre les lumières dans les parties communes, vérifier que les réfrigérateurs sont à bonne température. En 2022, nous avons organisé un challenge pour récompenser les dix magasins qui avaient le plus réduit leur consommation d’énergie en un an. Nous avons enlevé un millier de spots inutiles, nous avons mis en place des horloges pour que les lumières s’éteignent de manière automatique entre 22 heures et 6 heures du matin, nous avons testé de nouveaux matériels comme des boîtiers qui régulent le flux d'électricité dans le magasin ou des gaz moins énergivores dans les meubles réfrigérés. En 2023, la baisse de consommation énergétique était de -5 % sur l’ensemble de nos magasins.

D’où vient votre sensibilité aux sujets sociaux et environnementaux ?

J’étais déjà sensibilisée à la RSE par le volet RH et lutte contre l'exclusion. Je suis arrivée à mon poste actuel en septembre 2023 avec la volonté de faire ma part d’impact sur le monde que l’on va laisser à nos enfants. Avoir deux enfants d’âge rapproché change la vision que l’on a sur le monde. 

Parcours

2009. Diplômée de l’Edhec Business School.

2010. Entrée dans le groupe Casino comme responsable rémunération et développement RH.

2015. Rejoint Franprix comme responsable rémunération, développement RH et projets RH.

Depuis septembre 2023. Responsable RSE de Franprix.

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